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l’extirpation totale des glandes thyroïdes sont tout à fait semblables au myxœdème, cette maladie qu’on observe chez les sujets dont les thyroïdes sont détruites spontanément par un processus pathologique ou atrophié. En outre, quand la thyroïdectomie est pratiquée chez l’adolescent ou quand l’atrophie des thyroïdes se produit dès l’enfance, aux troubles myxœdémateux s’ajoute un arrêt plus ou moins complet du développement. On a montré, d’une manière irréfutable, que ces accidents sont des à la suppression des sécrétions internes des thyroïdes. Puis, chose merveilleuse, — et qui a été à l’origine de toute une branche nouvelle de l’art de guérir, l’opothérapie ou administration médicamenteuse d’extraits d’organes, — on a constaté qu’on guérissait les accidents du myxœdème, et notamment le crétinisme et l’arrêt de développement des enfants atteints de cette maladie, par l’ingestion d’extraits de glandes thyroïdes d’animaux. Quelle est la nature chimique exacte des substances utiles ainsi sécrétées par les thyroïdes ? On n’est pas encore très exactement renseigné là-dessus, non plus d’ailleurs que sur la constitution chimique précise de la plupart des constituants internes de l’organisme. On a cependant extrait de ces glandes un produit imparfaitement défini, la thyroïodine, qui est très riche en iode, cet iode étant d’ailleurs combiné sous une forme qui paraît liée à son efficacité et qui n’est pas exactement précisée. Il convient de remarquer, à ce propos, que les goitreux se rencontrent avec une particulière fréquence dans les régions où les eaux de boisson sont très pures et ne contiennent pas d’iode.

Sans insister sur le côté thérapeutique — pourtant si important, — de toutes ces découvertes, et pour nous en tenir au côté purement physiologique, on voit que la sécrétion interne des glandes thyroïdes joue un rôle essentiel, quoique non encore entièrement défini, dans les échanges nutritifs du corps humain et dans les phénomènes de croissance et de développement.

C’est précisément l’extrait de glande thyroïde qui serait le merveilleux élixir de longue vie dont parlaient récemment, ainsi que nous l’avons rappelé ci-dessus, certains grands journaux de France et d’Angleterre. Que s’était-il donc passé ? Voici : il s’agit en réalité d’expériences toutes récentes faites surtout par des physiologistes anglais et américains, et notamment par M. J.-S. Huxley, petit-fils de l’illustre zoologiste Thomas Henry Huxley, dans son laboratoire d’Oxford.

Tout d’abord, en privant des têtards de grenouilles de leurs glandes thyroïdes, on a constaté qu’on empêche leur métamorphose, à