au général Pétain, pourtant choisi d’accord avec lui. Le général
en chef ne pouvait plus ordonner une attaque si petite qu’elle
fût, sans en avoir soumis tous les détails à un général qui
avait blâmé ouvertement toutes ses opérations et qui paraissait son successeur désigné. La crise du commandement était
ouverte depuis longtemps quand, le 9 mai, le président du
Conseil en fit la déclaration à la commission sénatoriale de
l’armée ; le lendemain, au comité de guerre, le ministre de la
Guerre demanda au général Nivelle de solliciter lui-même
d’être relevé de ses fonctions, sous un prétexte de son choix.
Pensant qu’un changement dans le Haut Commandement français serait interprété par l’ennemi comme un aveu de défaite,
le général Nivelle refusa de se démettre, et l’hésitation dura
plusieurs jours au sein du gouvernement. Mais la menace de
démission du ministre de la Guerre et l’attitude du président
du Conseil déterminèrent le Conseil des ministres à le remplacer
le 15 mai par le général Pétain, auquel le général Foch succédait dans ses fonctions de chef d’État-major général.
Le nouveau général en chef assumait une lourde tâche. Ses prédécesseurs avaient étendu leur constante sollicitude sur le moral de l’armée ; la bonne alimentation, les permissions régulières, les jeux, les sports, les foyers du soldat s’étaient multipliés et contrebalançaient les rigueurs monotones de la vie dans la tranchée. Ils avaient eu à lutter contre des organisations défaitistes, propagande parmi les permissionnaires dans les gares, agents actifs circulant dans les trains, réunions clandestines ou autorisées par une police qui fermait les yeux, journaux et tracts semant dans l’armée la démoralisation et que répandait sur le front tout un personnel salarié à cet effet. Dès le 28 février, dans une lettre fortement documentée, le général Nivelle avait signalé des faits précis au gouvernement, donné les noms des principaux organisateurs à la solde de l’ennemi, réclamé des sanctions et des mesures d’ordre. Le seul effet de ce cri d’alarme avait été de le priver des sources où il avait puisé ses principaux renseignements. Le commencement des opérations actives avait été le signal d’une recrudescence de propagande défaitiste. L’arrêt de l’offensive et les changements dans le Haut Commandement confirmaient toutes les