qu’on arrête soi-même, ce qui est le contraire de l’attaque, de l’esprit d’offensive qui doit animer toute l’armée. »
La directive no 3 rappelait les mémos principes, ceux de
toutes les luttes, de toute éternité, qui n’ont jamais cessé de présider à la guerre, au travers de tous les changements de tactique
ou d’armement. Elle donnait aux commandants en chef leurs
objectifs : les armées françaises doivent dégager largement la
ligne Paris-Amiens ; — les armées anglaises, les mines de
Béthune et la région d’Ypres. Mais pour oser beaucoup il faut
avoir bien préparé, et le passage de la défensive à l’offensive
s’accompagnait forcément de certaines lenteurs. Une nouvelle
attaque allemande surgit, devançant une fois de plus celle des
Alliés.
Ludendorff savait que sa seule chance de succès était d’attaquer sans répit. Devant le front des dernières offensives, les communications restaient difficiles et toute progression chèrement payée. Les troupes françaises, par deux fois, avaient rétabli la situation et se trouvaient en nombre sur la nouvelle ligne. Il fallait donc affaiblir les armées françaises et en même temps développer les communications sur le terrain nouvellement conquis ; ces deux résultats une fois atteints, il pourrait reprendre cette attaque sur le front anglais qu’il ne perdra jamais de vue.
Sacrifiant l’intérêt stratégique aux avantages tactiques, il cherche la surprise sur une partie du front français dégarnie par les nécessités de la bataille et où se trouvaient des divisions anglaises fortement éprouvées dans les deux offensives précédentes. Dès la fin d’avril, le groupe d’armées du kronprinz allemand reçut l’ordre de préparer un projet d’offensive entre Pinon et Reims. Après discussion, le front d’attaque fut fixé de Pinon à Berry-au-Bac ; l’opération s’élargirait ensuite vers l’Oise à droite, vers Reims à gauche ; enfin la poche ainsi créée se réunirait à celle de Montdidier par une avance vers Compiègne. Les moyens d’artillerie ne permettaient pas d’agir simultanément sur tout le front envisagé et obligeaient à procéder par phases successives.
Mais l’ennemi renonce ainsi à profiter des avantages qu’il vient d’obtenir : sur 60 divisions anglaises, 53 avaient été enga-