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expéditionnaire, s’était aussitôt embarqué et envoyait ses propositions en, juin et juillet pour l’organisation détaillée de ses troupes. Le général Pershing demandait un million d’hommes pour mener l’offensive en juillet 1918, évaluant les effectifs à réaliser en deux ans à trois millions d’hommes. Il demandait que le transport de 100 000 hommes par mois s’effectuât à partir d’août 1917.

D’inévitables tâtonnements entravèrent l’organisation des troupes aux États-Unis. L’instruction des officiers était à compléter pour ceux de l’armée régulière (9 500), à faire entièrement pour les autres (175 000 hommes). Les Armées françaises et anglaises avaient remis tous leurs cadres à l’instruction en 1915-1916, à la suite des expériences de la guerre ; il n’était pas étonnant qu’en entrant dans la lutte avec des cadres en majorité de toute récente promotion, l’armée américaine dût en faire autant. Mais les officiers des armées alliées ne furent appelés au début que pour enseigner des spécialités de la guerre de tranchée.

L’industrie américaine s’outilla très facilement pour la production intense des armes portatives et de certains matériels ; mais pour l’artillerie, on en était encore, en 1917, à déterminer les modèles et à construire les usines capables de les réaliser. C’est seulement après quelques hésitations que les modèles français furent adoptés en pratique, car on était très désireux de réaliser une œuvre aussi nationale que possible. En aviation, le modèle Liberty, adopté pour tous les appareils américains, donna des mécomptes, et il fallut recourir aux appareils français. La France céda aux troupes américaines venues à son secours 1 900 canons de 75, 1 000 canons de 155, 240 chars d’assaut, 2 676 avions équipés, des milliers de mitrailleuses, de fusils mitrailleurs et d’engins de toute sorte, 137 000 chevaux, et ces achats permettaient une économie de tonnage de 3 400 000 tonnes (chiffre notable, puisque le tonnage total transporté d’Amérique en France représente, de juin 1917 à novembre 1918, 6 millions de tonnes). Les divisions américaines reçurent leur dotation de 155 court, alors qu’un chiffre notable de divisions françaises restaient à pourvoir ; par réciprocité, l’Amérique nous envoyait une moyenne journalière de  4000 tonnes d’acier, malgré la crise de l’acier (février à juillet 1918) et la difficulté permanente des transports qui restait angoissante.