Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/840

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

française. La destruction a été systématique : les chevalements ont été coupés aux explosifs, les machines d’extraction ont été brisées ; brisés aussi les cylindres, les arbres, les bielles ; les massifs et les corps des chaudières mises en morceaux, les cheminées renversées, les compresseurs détruits. Il en est de même des voies et moyens de communication, ponts, écluses, des installations de jour, de l’outillage ; les travaux du fond ont été noyés, soit par dérivation des eaux d’une rivière, soit par détérioration des cuvelages, qu’on a fait sauter à la dynamite. Les dépenses prévues pour la réfection du fond étaient estimées en 1919 à un milliard de francs ; pour celle des bâtiments ; et du matériel industriel, à 2 milliards ; les matières premières volées par l’ennemi se montent à un demi-milliard, les pertes, par défaut d’exploitation pendant les quatre années de guerre et les six années consécutives, à un milliard. Au total, 4 1/2 milliards, qui, aux prix d’aujourd’hui, en représentent bien davantage.

Mines et usines métallurgiques. — Un mémoire confidentiel, adressé en décembre 1917 par les associations des industriels allemands du fer et de l’acier et des maitres de forges allemands, demandait l’incorporation au territoire de l’empire allemand du bassin minier franco-lorrain. Pendant la guerre, l’envahisseur a exploité les mines de Briey et de Longwy, tout en enlevant déjà à nos installations le meilleur de leur outillage et de leurs constructions. Lorsqu’il se sentit perdu, il détruisit avec rage tout ce qu’il savait devoir lui échapper. Aux aciéries de Longwy, à Mont-Saint-Martin, des neuf hauts fourneaux, quatre ont été entièrement démolis. Les cinq qui restent ont été dépouillés de leurs tuyères en cuivre, tympes, robinets, conduites, gueusards, wagons, poches à fonte, machines soufflantes. De l’aciérie Thomas, il ne reste que deux mélangeurs, et encore une partie du cuvelage est-elle démolie, ainsi que le monte-charge et les cubilots. Les belles installations de l’aciérie Martin, dont la capacité de production dépassait 200 000 tonnes par an, ont disparu : les 12 gazogènes, le mélangeur de 350 tonnes, les trois fours oscillants de 60 tonnes, les deux fours fixes de 23 tonnes, 12 ponts roulants sont enlevés. Aux laminoirs, les trains Blooming, universel, trio, réversible, dégrossisseur, les tours à cylindres, les fours, les chaudières, les tuyauteries, ont été expédiés à des usines allemandes, ou démolis. Aux usines de Senelle-Maubeuge, les opérations