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seulement de la ruine des maisons d’habitation et des bâtiments ruraux, de l’enlèvement ou de la destruction du matériel agricole et du bétail, du bouleversement des terres creusées, déchirées par les tranchées, les explosions de mines et d’obus, mais encore des travaux et installations militaires de toute sorte et de l’état d’abandon dans lequel elles sont restées. Les dix départements envisagés, c’est-à-dire les dix que nous avons nommés tout à l’heure et le territoire de Belfort, ont une surface de 6 310 000 hectares, dont plus d’un tiers a souffert de la guerre. La valeur moyenne de ces 2 654 000 hectares atteints était en 1913 de 2 200 francs. Dès 1919 le dommage était évalué à 1 900 millions pour les bâtiments ; 360 millions pour la part du capital foncier, là où le sol ne peut être remis en culture, 1 660 millions pour les dépenses à faire sur les hectares qu’il est possible de remettre en valeur, 1 214 millions pour les hectares moins gravement atteints, au total 3 234 millions pour la propriété non bâtie. Le matériel agricole à reconstituer représentait plus de 3, le bétail plus de 2, les approvisionnements, près de 6 milliards, au total plus de 11 milliards. Si on additionne ces deux sommes, on voit que les dommages directs causés à l’agriculture s’élevaient déjà, aux prix de 1919, à près de 15 milliards de francs. Les dommages indirects, nés de la suppression du revenu pendant la guerre et la période de reconstitution, ont été évalués à plus de 3 milliards ; à ceux-là s’en ajoutent bien d’autres, tels que les pertes d’appointements ou de salaires, la dépense résultant de l’obligation d’importer les produits manquants, la disparition des chasses et des pêches.

Bois et forêts. — La superficie des forêts dévastées est d’environ 600 000 hectares ; elles ont subi deux sortes dédommages, destruction par la bataille, exploitation ruineuse par l’ennemi. Le coefficient de destruction est de 75 pour cent ; en y ajoutant les frais de reconstitution, on arrive à un milliard et demi pour les dommages directs, deux milliards en y comprenant les dommages indirects.


III. — INDUSTRIE

Houillères. — Les houillères du Nord et du Pas-de-Calais fournissaient en 1913, vingt millions de tonnes de charbon, soif la moitié de la production, le tiers de la consommation