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nouveaux pour une somme égale à ceux qui étaient en vigueur : il arrivera ainsi à mettre en équilibre le budget ordinaire ; et ce sera un résultat singulièrement appréciable. Mais déjà pour le budget extraordinaire des opérations de crédit seront nécessaires. Est-il juste que nous ouvrions également notre grand livre pour les sommes à payer par l’Allemagne, et ne conviendrait-il pas de hâter le versement de ce qu’elle doit ? Nous faisons en ce moment un effort fiscal égal, sinon supérieur, à celui d’aucun de nos Alliés ; supérieur à celui de l’Allemagne, ce qui est contraire au traité de Versailles, puisqu’il y est formellement stipulé que nos ennemis sont tenus de payer au moins autant d’impôts que la nation alliée la plus grevée.

Les effets de la guerre sur les finances belges sont mis en lumière par les chiffres suivants. Le budget de 1914 s’élevait à 800 millions de francs ; celui de 1919 à 6 milliards. À ce dernier chiffre s’ajoutaient 4 milliards de dépenses arriérées, dont la charge s’était accumulée pendant la guerre sans pouvoir être acquittée. Le capital de la Dette publique, qui n’atteignait pas 5 milliards en 1914, est aujourd’hui de 20 milliards. De cette augmentation, deux tiers proviennent directement des exactions allemandes, à savoir 2 300 millions de bons interprovinciaux créés pour acquitter les contributions de guerre, 5 800 millions avancés par la Banque nationale et 2 milliards obtenus par l’émission de l’Emprunt dit de Restauration monétaire : ces deux dernières ressources ont servi à retirer les billets allemands, libellés en marks, que l’envahisseur avait imposés aux populations au cours de 1 franc 25, alors que la valeur actuelle du mark est de 30 centimes. Cinq milliards représentent les dettes contractées par la Belgique pour équilibrer son budget : elles comprennent l’Emprunt d’un milliard et demi de la Restauration nationale, des bons du Trésor pour un demi-milliard, une émission à l’étranger pour une somme égale ; des avances des alliés, depuis l’armistice jusqu’au 12 juin 1919, pour un milliard et quart.

Rappelons que l’Allemagne s’est engagée, en sus des compensations de dommages, à effectuer le remboursement de toutes les sommes que la Belgique a empruntées aux gouvernements alliés et associés jusqu’au 11 novembre 1918, y compris l’intérêt à 5 pour 100 l’an. 2 1/2 milliards de francs doivent être versés de ce chef avant le ler mai 1921. La Belgique a reçu ainsi un