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INTERPRÉTATION DU RÉPERTOIRE

MOLIÈRE
Á LA COMÉDIE FRANÇAISE

Avant d’entrer dans le vif de nos remarques sur la tradition dans l’œuvre moliéresque, il nous faut dire un mot de la tradition en général et rappeler que le théâtre repose sur un fond de notions précises que l’acteur, à ses débuts, doit étudier comme une science. Les plus fameux artistes invoqués parfois pour n’avoir relevé que de la seule inspiration, s’être affranchis de la loi commune des études préparatoires et de la tradition, étaient, au contraire, des fervents de la méthode et du respect traditionaliste. Nous avons recueilli de la bouche même de Frederick Lemaitre vieux et désabusé, qu’il ne laissa jamais, dans son jeu, rien au hasard. Aujourd’hui, on nie, un peu partout, que l’apprenti comédien ait besoin d’apprendre à lire, à bien connaître la ponctuation, la quantité, le nombre, la cadence, quelques règles de la prosodie, afin d’arriver d’abord à cette science première du théâtre, qui est celle de la diction. Qu’on y prenne garde : cet art s’en va. On ne l’enseigne plus. On se demande même parfois quelle est la langue que l’on parle sur la plupart de nos scènes.

Bien dire, c’est la probité de l’Art dramatique.

Voici donc, d’abord, selon la formule de notre maître et ami Régnier, les quelques conseils préliminaires qu’il préconisait et que je ne cesse de répéter aux jeunes gens de mes classes du