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en 1912 représentaient une valeur de 230 millions de francs.

L’Allemagne, avec ses écoles professionnelles, sa main-d’œuvre disciplinée, donnait l’impression d’une force productive considérable. Elle comptait, en 1907, près de 3 millions et demi d’exploitations industrielles, dont 3 millions employant de 1 à 5 personnes, 267 000 de moyenne importance (de 6 à 50 personnes) et 32 000 employant 51 ouvriers ou davantage. Parmi ces dernières, 500 avaient un personnel de plus d’un millier d’hommes, et en groupaient dans leur ensemble près d’un million. Ce développement des grandes exploitations s’appuyait sur celui du capital disponible, qui favorisait en même temps la constitution de sociétés de plus en plus nombreuses. En 1886, il n’existait en Allemagne que 2 143 sociétés par actions ayant un capital de 6 milliards de francs. En 1912, on en comptait 4 712 avec un capital de 19 milliards. Les dépôts dans les banques dépassaient, à la même époque, 12 milliards, dans les associations industrielles, 4 milliards ; dans les caisses d’épargne, 22 milliards : en an quart de siècle, l’ensemble de ces dépôts avait quintuplé.

Au point de vue agricole, la production avait fait de grands progrès : de 13 quintaux de blé à l’hectare en 1885, elle s’était élevée à 20 en 1912. Pour le seigle, alors que les emblavures ne s’étaient accrues que de 6 pour 100, la récolte avait progressé de 88 pour 100. En chiffres absolus, l’Allemagne venait en tête de toutes les nations pour la production des pommes de terre (50 millions de tonnes) et au troisième rang pour celle des céréales (15 millions de tonnes). Sa production de betteraves a atteint 15 millions de tonnes, fournissant 2 millions et demi de tonnes de sucre. Le nombre des animaux, sauf celui des moutons, s’était considérablement accru. Le bétail et les chevaux avaient augmenté d’un tiers, le troupeau porcin avait beaucoup plus que doublé. De 1887 à 1911, l’extraction charbonnière, houille et lignite, avait triplé, passant de 76 à 234 millions de tonnes ; l’Allemagne venait, sons ce rapport, au troisième rang dans le monde, après les États-Unis qui, en 1911, produisaient 450 millions et après la Grande-Bretagne, qui en donnait 276 millions. Le nombre des hauts-fourneaux allemands avait passé de 212 à 313 ; il en sortait 16 millions de tonnes de fonte, le quart de la production mondiale, moins qu’aux États-Unis, mais 50 pour cent de plus qu’en Angleterre. Pour l’acier, la situation était encore plus brillante : l’Allemagne atteignait à la moitié