la poursuite, entamer sensiblement les troupes intactes que l’échec de la 2e armée a condamnées à une retraite précipitée. Encore qu’ils s’y efforcent de leur mieux, les Austro-Allemands sont quelque peu en peine d’exploiter leur foudroyant succès, qui a sans doute dépassé leurs prévisions. Leur pression, pour forte qu’elle soit, est une difficulté moins grave que la désorganisation de la seule armée battue, la 2e dont l’effectif se trouve en outre considérablement réduit. Mais, entre l’envahisseur et les troupes en retraite, s’interpose désormais une rivière, qui constitue un obstacle, bien que, par malheur, les eaux en soient encore basses. En commençant à se rapprocher l’une de l’autre, la 3e et la 4e armées, qui ont fait belle contenance et se sont repliées en ordre, depuis leurs positions du Carso et des Alpes Carniques, diminuent progressivement l’espace tenu par les vestiges de la 2e. Le débarquement des troupes françaises a commencé et se poursuit normalement ; les renforts anglais sont sur le point d’arriver. La menace redoutée du côté du Trentin subsiste, mais ne se précise pas. Tout en restant certes peu enviable, la situation se développe donc sans surprise. Et il n’est pas chimérique d’espérer que l’ennemi pourra être tenu en respect, quelque temps au moins, sur le Tagliamento. Aussi, après une visite au commandant de la 3e armée, le duc d’Aoste, qui est plein de sang-froid et garantit la discipline et l’esprit de ses troupes, le général Eue à part-il, dans l’après-midi du 1er novembre, pour Rome, où le général Robertson l’a précédé de vingt-quatre heures.
Au passage à Padoue, il va présenter ses hommages au Roi, resté, dans la mauvaise fortune, calme, résolu, confiant dans son peuple et dans ses soldats. De Padoue à Rome, il voyage avec M. Orlando, qui vient d’assumer la présidence du Conseil des ministres et qui profite du trajet en chemin de fer pour avoir de longs entretiens avec lui. Et en wagon commencent les consultations que le général Foch poursuivra à Rome, les 3 et 4 novembre, dans des conversations avec le même M. Orlando, avec M. Sonnino, ministre des Affaires Etrangères, le général Alfieri, ministre de la Guerre, le général Dallolio, ministre des armes et munitions. Car, pas plus que le général Cadorna lui-même, les membres du gouvernement italien ne croient déchoir en s’enquérant de son avis sur la situation et en écoutant ses conseils,