Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 58.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans la soirée du 5 arrivent à Rapallo M. Painlevé, président du Conseil et ministre de la Guerre, M. Franklin-Bouillon, ministre sans portefeuille, M. Lloyd George, premier ministre d’Angleterre, le général Smuts, premier ministre d’Australie, et le général Wilson, du grand État-major britannique. Après une réunion le 6 au matin, à laquelle ne prennent part que les ministres anglais, français et italiens et M. Barrère, une seconde séance a lieu l’après-midi du même jour, avec l’assistance des généraux Foch, Robertson, Wilson et Porro. L’examen de la situation militaire italienne et la discussion sur l’importance de l’aide à donner à l’Italie s’ouvre par des observations du général Robertson. Le chef d’Etat-major anglais est d’avis, à la suite de son enquête, que huit divisions alliées, quatre françaises et quatre anglaises, sont suffisantes pour permettre la reconstitution et la réorganisation des forces italiennes. Car c’est à cela que, selon lui, se ramène surtout le problème, l’armée italienne dans son ensemble n’étant, constate-t-il, nullement battue. Il se demande donc pourquoi il est question de 15 ou 16 divisions alliées, chiffre articulé le matin, dans la conférence tenue entre les ministres. Bien n’oblige au surplus (puisque sont encore en route des renforts qui absorberont, jusqu’au 18 ou 20 novembre, la capacité d’écoulement des chemins de fer), à fixer d’ores et déjà définitivement l’effectif total des contingents à fournir par l’Angleterre et par la France. Ce soin pourrait être laissé aux généraux commandant les armées des deux pays en Italie, le commandant anglais devant être le général Plumer, attendu incessamment.

Ainsi commencée, la délibération continue par un exposé du général Porro, douloureux bilan des proportions et des conséquences de la défaite subie, dans les derniers jours d’octobre, par la 2e armée, et tableau comparatif des forces italiennes et ennemies. Quant aux pertes en prisonniers et matériel, les chiffres donnés par les communiqués autrichiens doivent, selon le général Porro, être à peu près exacts : 200 000 prisonniers, 1 800 canons. Le chiffre indiqué pour les canons serait même plutôt faible. Quant à la comparaison des effectifs en ligne de part et d’autre, le général Porro l’établit ainsi : 377 bataillons pour l’Italie, dont 100 sur la basse Piave de Nervesa à la mer (3e année), 127 du Montello à la Brenta (4e armée), 118 de la Brenta au lac de Garde (1re armée), 32 du lac de