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n’implique la continuation du repli plus en arrière, vers une autre ligne de défense ; tout l’exclut, comme la seule hypothèse en est exclue de la pensée même du général Foch.

Le 11, à 9 heures du matin, conférence chez le général Diaz, qui a fait demander les généraux Foch et Wilson. Il leur signale que l’occupation de Tomatico et du Roncone, conseillée par eux le 9, présenterait certaines difficultés, pour l’installation de la grosse artillerie, les routes de repli, etc. Le général Foch lui remet une note, précisant le but à atteindre par ces occupations : « interdire le plus longtemps possible à l’ennemi la route de Feltre ; l’arrêter définitivement sur le Grappa. » Le général Diaz insiste ensuite sur la faiblesse de la région du Montello, sur l’inquiétude que lui cause la 4e armée, encore mal assise sur ses positions, disposant de peu de réserves et d’aucune troupe fraiche. Le Président du Conseil, ajoute-t-il, lui a télégraphié que « l’opinion publique est déjà défavorablement impressionnée par le fait que les armées alliées sont maintenues loin du danger. » Pour ces raisons et en vue de l’effet moral à en attendre, le général Diaz demande qu’une division française soit, pour commencer, transportée sur la Piave, au Montello, et que l’armée française y soit ensuite mise en ligne progressivement.

C’est la quatrième fois, depuis le 30 octobre, que le G. Q. G. italien change d’avis sur l’utilisation de l’armée française. Déjà trois fois, a été modifiée, à sa requête, la destination prévue pour celle-ci ou reçue par elle. « Il y a lieu de bien remarquer, télégraphie ce jour-là le général Foch au ministre de la Guerre, que c’est sur la demande expresse du général Cadorna que, à l’heure actuelle, l’armée française se trouve reportée de l’Est à l’Ouest du lac de Garde, c’est-à-dire à plus de 150 kilomètres de la région où son emploi est maintenant demandé. » Il aurait pu ajouter que, cinq jours auparavant, le général Porro signalait encore l’Ouest du lac de Garde comme « la région la plus dangereuse, » si nos troupes ne s’y fussent pas trouvées. Ce n’était donc pas pour les « maintenir loin du danger » qu’elles y avaient été dirigées. Seulement l’endroit où le Commandement italien situait le danger était sujet à changement.

Le général Foch n’a pas de préférence pour un emplacement plutôt que pour un autre ; pas d’objection à revenir à