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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 58.djvu/298

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une destination approchante de celle qui avait été prévue en premier lieu, le 30 octobre, au matin. Il ne se refuse, mais péremptoirement, qu’à engager successivement, par morceaux (et cela pour une raison de sentiment), les divisions françaises dans une région déjà remplie de troupes italiennes, dont certaines en cours de réorganisation, à travers des routes encombrées, dans des conditions telles que leur arrivée ne serait d’aucun réel secours. Mais, — et le général Diaz adhère à cette solution, — il décide de porter, par un premier bond aussi rapide que possible, trois divisions françaises entre Valdagno et Vicence, prêtes à agir comme masse de manœuvre à l’endroit où il en serait besoin, une division étant maintenue provisoirement à l’Ouest du lac de Garde pour servir du réserve au 3e corps italien. En outre, afin de donner satisfaction à l’opinion publique, il est convenu que des détachements de reconnaissance, appartenant aux diverses unités françaises, seront envoyés sans délai sur les positions du Grappa et de la Piave. des instructions adressées au général Duchêne rapportent celles qui lui prescrivaient de prendre le commandement à l’Ouest du lac de Garde et l’invitent à exécuter en toute hâte le mouvement décidé pour trois de ses divisions, en laissant provisoirement la quatrième sous les ordres du commandant du 3e corps d’armée italien. Le lendemain (12 novembre), le général Wilson, après accord avec les généraux Foch et Diaz, décide que l’armée anglaise se formera aussitôt que possible à la droite de l’armée française, de Vicence à Montegilda, et que, à cet effet, ses débarquements seront portés en avant du Mincio. Ces dispositions font l’objet d’un protocole signé, le 12, par les trois généraux. Par la concentration de leurs troupes en avant du Mincio s’exprime matériellement la résolution des chefs anglais et français, comme du commandant italien, de tenir en avant de ce fleuve, c’est-à-dire sur la Piave. Il ne peut y avoir aucune équivoque à ce sujet.

Cependant l’ennemi, ralenti dans son avance par la rupture des ponts du Tagliamento et de la Livenza, est arrivé en forces devant la Piave, a attaqué sur trois points et s’est glissé en deux endroits sur la rive droite, notamment à Zenzon. Le 14 novembre sont signales de légers progrès autrichiens sur les altipiani. Nulle part la résistance n’a fait défaut et elle ne deviendra que plus ferme, à mesure que croîtra la pression