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pour ne pas retarder l’examen des conditions du désarmement. Mais, après la réponse très ferme que M. Millerand avait envoyée, quelques jours auparavant, au nom des Alliés, il n’était peut-être pas sans danger qu’une question qui semblait résolue fût de nouveau jetée sur le tapis d’une Conférence. D’autant que les Allemands n’ont pas manqué de faire immédiatement remarquer, sur un ton triomphal, que toutes les conversations allaient enfin être contradictoires. Cette concession capitale, qui peut être le prélude de beaucoup d’autres, a été officiellement notifiée à M. Fehrenbach par M. Rolin Jacquemine, secrétaire général du Conseil suprême. M. Fehrenbach n’a pas caché l’usage qu’il en entendait faire. Il est venu à Spa pour obtenir la révision du traité de Versailles au profit de son pays, bien entendu, il ne demande pas le mot; au contraire, il le repousse prudemment; mais il réclame la chose; et il ne se borne pas à en faire la confidence aux représentants des gouvernements alliés ; il réunit les journalistes français, belges, anglais, italiens, pour leur exposer ses idées et leur offrir un rameau d’olivier. « L’Allemagne, dit-il, est décidée à prouver par des actes son désir d’exécuter le traité. — Allons, voilà qui va bien et nous allons pouvoir nous entendre. — Nous nous entendrons certainement. L’Allemagne exécutera tant qu’il est en son pouvoir. — Vouloir, c’est pouvoir. Etes-vous prêts à vouloir? — Tout dépend de notre capacité et notre capacité dépend elle-même d’un très grand nombre de facteurs. — Lesquels? — Avant tout, l’ordre à l’intérieur; puis, l’augmentation de notre production et la renaissance économique de notre pays. Quand ces conditions seront remplies, nous espérons que nous serons à même de contribuer à la reconduction du monde. » Et, de restriction en restriction, M. Fehrenbach en arrive à ces déclarations significatives : « Nous saluons avec satisfaction le fait que nous pouvons enfin discuter contradictoirement face à face avec les Alliés, la question de la capacité économique de l’Allemagne et la mesure dans laquelle nous sommes capables d’exécuter les réparations. » Et avec une surprenante inconscience, il ajoute sans rire, devant des Belges et des Français : « La malheureuse guerre de six ans a causé de grandes dévastations, non seulement dans les pays où elle s’est déroulée, mais également en Allemagne. » Et il soutient encore : « Nous avons toujours insisté sur ce point que le traité de Versailles contient des clauses impossibles à exécuter. Or, je ne promettrai jamais d’exécuter des choses que je considère comme impossibles. » En d’autres termes, l’Allemagne déclare aujourd’hui impossible à exécuter ce