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était évalué à un corps d’armée, franchissaient, en marchant vers le Nord, la route Bapaume-Cambrai, entre Bapaume inclus (colonne de gauche) et Morchies (colonne de droite). »

Vers midi, j’apprenais que le général d’Urbal venait d’arriver et je me présentais à lui, au moment où il remontait en auto, direction Acheux.

A 14 heures 15, j’envoyais par télégramme au général de Maud’huy un nouveau renseignement : « Un avion a recoupé à 10 heures les colonnes ennemies signalées ce matin ; il résulte de cette reconnaissance que la colonne de gauche a été arrêtée à 9 heures (tête à Mory, Nord de Bapaume) et n’avait pas bougé de là à 10 heures, alors qu’au contraire la colonne de droite, qui avait à 9 heures sa tête à Demicourt, avait continué à marcher et avait à 10 heures sa tête à Moeuvres. »

A 15 heures 15, j’étais appelé au téléphone de la part de l’état-major d’Acheux par le commandant G… qui m’exposa à mots couverts et suivant un code conventionnel les décisions qu’avait prises le général de Maud’huy au reçu des précédents renseignements, ainsi que ses intentions ; et, à 15 heures 30, je remettais au général de Castelnau le compte rendu du général de Maud’huy.

Il disait en substance ceci : Le général de Maud’huy poussait une brigade mixte (de la 19e division du 10e corps) sur Moyenne-Ville en soutien de la gauche des territoriaux ; il avait l’intention de diriger deux autres brigades du 10e corps et l’artillerie de corps, par une marche de nuit, sur Monchy-au-Bois, et de placer la dernière brigade de ce corps d’armée en réserve à Sailly-au-Bois. Il avait prescrit au corps provisoire de pousser dès le soir la division Barbot, d’Arras vers le Sud-Est sur le ruisseau de Cojeul, et de porter le lendemain matin la division Fayolle, de Lens vers le Sud, dans la région de Monchy-le-Preux (en laissant vers Douai le régiment et le groupe qu’elle y avait envoyés). Il avait donné comme instructions au corps de cavalerie de porter une division à Douai en soutien des territoriaux et les trois autres divisions au Sud-Est d’Arras dans la région de Wancourt.

J’assistai alors à une scène qui restera profondément gravée dans ma mémoire : il devait être 18 heures. Le général de Castelnau entra dans notre salle, suivi du général Anthoine, qui le conduisit devant une grande carte au 1/80 000e fixé au mur.