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tiendraient pas leurs promesses, l’occupation interalliée de la Ruhr.

C’est là pour nous un très sérieux avantage. Si quelque chose en effet peut décider l’Allemagne à nous livrer le charbon qu’elle nous doit, c’est à coup sûr la menace de nous voir occuper les bassins miniers.

Le maréchal Wilson est accouru en toute hâte de Londres pour conférer sur cette occupai ion avec son vieil ami Foc h, rappelé lui aussi de Paris. Comme je montais au Neubois, vers la fin d’un après-midi, je les ai vus qui se promenaient familièrement de long en large devant la vérandah, Wilson dominant Foch de sa très haute taille, car il est long comme un jour, ou plutôt comme une semaine sans pain. Il y avait autour d’eux quatre ou cinq officiers dont les uns prenaient des notes, les autres consultaient des cartes déployées. Ce conseil de guerre, en plein vent, tenu à la place même où vécut longtemps le kaiser, ne manquait ni de pittoresque ni d’imprévu. Le maréchal Foch avait, le matin même, résumé la situation par ces mois : « Nous arrivons pour charbonner ! »

Et si le grand charbonnier teutonique, Hugo Stinnes, avait contemplé ce petit groupe, nul doute qu’un tel spectacle ne lui eut inspiré les plus salutaires réflexions. Il aurait compris que les Alliés, ayant pour eux le droit, se disposaient à y ajouter encore la force, ce qui avec les Allemands n’a pas cessé d’être un argument d’un assez grand poids.


RAYMOND RECOULY.