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En ce moment, nos livres arrivent à peine à nos amis polonais. L’état de leur change leur rend impossible de venir à nous. Dans le domaine spirituel, comme en tout autre, ils n’ont à leur portée que l’importation allemande. Prenons garde que, malgré toute leur bonne volonté, les motifs économiques ne soient les plus forts, si nous n’arrivons pas à assurer à leur intellectualité, si particulièrement accessible à toutes les influences, au moment où est en train de se reformer l’unité nationale, le contact étroit avec la noire.

Nos amis de Pologne, nous les connaissons à peine. Les circonstances économiques leur interdisent presque de venir chercher nos enseignements. L’Etat français, quelques-unes de nos municipalités, des générosités privées, n’assureront-ils pas l’indispensable rapprochement par la création quelque part chez nous d’un centre commun de culture et de travail franco-polonais ?

De notre France, l’étranger ne respire trop souvent que l’atmosphère fiévreuse de Paris. Les suggestions qu’il offre ne contribuent pas toutes à l’affermissement des disciplines.

Avant la guerre, plusieurs de nos Facultés de province avaient respectivement commencé de grouper chez elles telles ou telles familles d’étudiants étrangers, de constituer à leur usage des enseignements spéciaux. Ainsi se nouaient d’intéressants échanges, capables à la fois d’enrichir notre vie régionale et d’initier davantage nos amis à la vraie France.

Pour devenir un centre d’attraction franco-polonais, il est une ville que son passé, comme son présent, qualifient entre toutes. Nancy doit son premier essor au bon roi Stanislas, son souvenir y est demeuré gravé. La Place Stanislas, l’Académie Stanislas, combien d’autres traces attestent encore l’empreinte artistique et intellectuelle d’un passé glorieux ! Avant 1914, les étudiants étrangers y séjournaient nombreux. En 1918, Nancy offrit un de ses drapeaux à l’armée polonaise formée en France, la vit cantonner dans sa région, célébra joyeusement la prise de commandement du général Haller. Le grand développement assuré à l’Université de Strasbourg n’est pas sans lui porter quelque ombrage, sans la contraindre à chercher de nouveaux horizons. Située sur la grande ligne Paris-Varsovie, pourvue non seulement de richesses littéraires et artistiques, mais de nombreux et remarquables instituts techniques, Nancy est, par