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proclamation de la république des Soviets, le soulèvement des travailleurs autrichiens et les grèves allemandes de janvier 1918 allument la première flamme révolutionnaire dans un parti qui ne comptait guère alors que 60 000 adhérents et n’avait que peu de ressources.

La révolution de novembre 1918 le mit au premier plan. C’est alors qu’éclate, au sein du parti, le conflit entre le réformisme et l’idéal révolutionnaire. Les uns veulent l’Assemblée Nationale, les autres le système des Conseils. La première tendance l’emporte et le parti essaye de s’unir au socialisme majoritaire. Mais les élections et les premiers travaux de l’Assemblée seront pour lui une déception. Toutefois, au Congrès de mars, il demandait simplement que le système des Conseils fit partie intégrante de la Constitution, n’affirmant qu’avec timidité la dictature du prolétariat.

C’est de mars à décembre 1919 qu’il sera poussé par les circonstances, en particulier par la loi sur les conseils d’exploitation, vers l’idéal révolutionnaire. Le Congrès de décembre mobilisait toutes les forces du parti. Au Congrès proprement dit s’ajoutait une « Conférence des Femmes, » tandis qu’à Halle, le 14 décembre, la jeunesse du parti tenait ses assises. Une sévère et minutieuse discipline réglait cette organisation. Les indépendants avaient beau adhérer à la 3e Internationale ; ils agissaient avec autant de calme et de méthode que les catholiques du Centre.

Ils dressaient le bilan de la première année de révolution. Ils constataient, de mars à décembre, le recul de cette révolution, les erreurs de tactique commises. Ils parlaient de grouper à nouveau les énergies en déroute. Comment préparer les élections de 1920 ? Comment résoudre le problème de l’Internationale ? Comment définir le rôle du parti ? Autant de troublantes questions. Les indépendants sentaient bien que la bourgeoisie reprenait le dessus, que la situation du prolétariat n’était plus celle de mars. La bourgeoisie tenait le Parlement, l’armée, l’administration. Elle essayait, de toutes ses forces, de consolider le régime capitaliste. Pourquoi conserver alors une méthode périmée et gaspiller les forces prolétariennes en des luttes isolées et sans résultat ? Mieux valait abandonner à leur sort le socialisme petit-bourgeois et le néo-syndicalisme utopiste. Mieux valait se placer résolument sur le terrain