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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 58.djvu/80

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revue des deux mondes.

« Officiers, sous-officiers et soldats de la 10e armée,

« Je suis heureux de la belle attitude et de la discipline montrées par tous au cours de la traversée de l’Alsace-Lorraine. Chacun a senti qu’aucun désordre ne devait se mêler aux joies magnifiques de la délivrance. Merci.

« Vous allez poursuivre votre marche triomphale jusqu’au Rhin. Vous borderez et dépasserez en certains points cette frontière, qui fut souvent celle de notre pays.

« Vous allez vous trouver en contact avec des populations nouvelles, qui ignorent les bienfaits passés de la domination française.

« Personne ne peut nous demander d’oublier les abominations commises par nos ennemis durant quatre années de guerre, la violation de la foi jurée, les meurtres de femmes et d’enfants, les dévastations systématiques sans aucune nécessité militaire.

« Mais ce n’est pas sur le terrain de la barbarie que vous pouvez lutter contre nos sauvages ennemis ; vous seriez vaincus d’avance. Donc, partout vous resterez dignes de votre grande mission et de vos victoires.

« Sur la rive gauche du Rhin, vous vous souviendrez que les armées de la République française, à l’aurore des grandes guerres de la Révolution, se comportèrent de telle sorte que les populations rhénanes ont voté par acclamation leur incorporation à la France. Et les pères de ceux que vous allez rencontrer ont combattu côte à côte avec les nôtres sur tous les champs de bataille de l’Europe pendant vingt-trois ans.

« Soyez dignes de vos pères et songez à vos enfants, dont vous préparez l’avenir.

« Point de tache aux lauriers de la 10e armée, tel doit être le mot d’ordre de tous. »

La discipline paraissait particulièrement difficile à conserver parmi les troupes originaires des régions dévastées ou occupées par les Allemands et qui avaient eu pendant plusieurs années leurs foyers souillés par l’étranger, leurs villages ruinés, leurs champs systématiquement ravagés, leurs usines pillées, puis détruites à la dynamite, leurs mines inondées. Pourtant, jamais les troupes françaises n’eurent plus superbe allure que pendant cette marche. Les populations vaincues n’eurent à leur reprocher rien qui ressemblât à un acte de représailles. Le laisser-