-aller inévitable après des années de campagne avait fait place à une correction dans la tenue et dans l’attitude militaire qui étonnait même les officiers.
Dans de telles circonstances, le contact avec les populations rhénanes s’établit facilement. Elles désiraient être fixées le plus tôt possible sur le sort que leur réservait le vainqueur, et, dans l’ensemble, elles étaient prêtes a l’accepter, quel qu’il fût. Avant l’arrivée des Alliés sur le Rhin, de nombreux conciliabules s’étaient tenus pour y poursuivre l’établissement d’un État autonome dans la fédération allemande. Tout en voulant rester unis, les peuples allemands répudiaient l’hégémonie prussienne qui, après un demi-siècle de succès militaires et économiques, venait de les entraîner au désastre. À Berlin au contraire, le parti social-démocrate qui s’était saisi du pouvoir, travaillait activement au renforcement de l’unité et au maintien de la puissance militaire. En s’écroulant, les vingt-deux trônes allemands avaient fait place nette, et le symbole respecté des diverses nationalités s’était évanoui. Les ministères de la guerre de chaque État avaient été supprimés ; toute trace de particularisme disparaissait ainsi de l’organisation militaire. La centralisation s’étendit aux chemins de fer, aux mines, aux canaux, aux forces électriques ; l’organisation financière évoluait dans le même sens, les recettes comme les dépenses allant pour la plus grande part à Berlin au détriment des États.
Le nouveau gouvernement de l’Empire s’était donc attribué des pouvoirs beaucoup plus étendus que ceux du Kaiser. Il disposait d’une armée dont l’effectif pendant toute l’année 1919 fut maintenu au-dessus d’un million d’hommes, appelés de noms divers, mais tous payés plus de 15 marks par jour. Les troubles de Berlin, de Hambourg et de Munich étaient réprimés avec une brutalité voisine de la sauvagerie, qui laissa des rancunes inexpiables, particulièrement en Bavière. L’assassinat de Liebknecht, de Rosa Luxembourg et de Kurt Eisner, les nombreuses exécutions sans jugement montraient à quelle absence de scrupules on était arrivé.
Les populations rhénanes appréciaient fort, dans l’ensemble, le calme que leur procurait la présence des armées alliées. Tout en bornant son intervention au maintien de l’ordre public, le commandement français avait pris des mesures qui avaient été presque unanimement approuvées. Ses relations avec les auto-