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La bataille d’Arras se terminait ainsi sur place comme la bataille de l’Aisne dont elle avait été le prolongement et le dernier acte.

Ni les Allemands, ni les Français n’avaient réussi à s’y « tourner ; » ni les uns ni les autres n’y étaient parvenus à une « décision. »

Mais s’il est vrai que nous n’avions pas pu remplir notre première mission, celle qui nous avait été donnée le 30 septembre par le général de Castelnau et qui consistait à agir « d’Arras sur Bapaume » sur « l’aile droite des forces allemandes, » du moins avions-nous sans aucun doute empêché l’ennemi d’exécuter contre nous-mêmes la menace que nous devions réaliser contre lui.

En lui fermant les portes d’Arras, en lui barrant les routes de Doullens et de Saint-Pol, la 10e armée a permis la manœuvre d’Ypres et la victoire de l’Yser ; elle a assuré l’intégrité des communications de la France et de la Grande-Bretagne ; et elle a contribué pour une part essentielle à permettre entre ces deux grandes nations la collaboration militaire et économique, qui devait, plus tard, avec l’aide américaine et en dépit de la défection russe, assurer à nos armes une gloire immortelle et nous permettre de gagner d’une manière décisive « la plus grande bataille de l’Histoire. »

Que l’honneur en soit rendu au dévouement du 10e corps, du corps provisoire, du 21e corps et des 1er et 2e corps de cavalerie, dont tant de braves sont tombés dans les champs et les bois de l’Artois, en ces tragiques journées déjà lointaines, que la France doit apprendre à mieux connaître, et à ne pas oublier !


MARCEL JAUNEAUD.