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LES
LETTRES DU GÉNÉRAL LYAUTEY

« Vous avez beau dire que vos titres littéraires sont nuls : pour nous le faire croire, il faudrait supprimer cette correspondance et, justement, vous la publiez. » C’est ainsi que, dans sa réponse au discours de réception du général Lyautey, Mgr Duchesne nous annonçait ces deux volumes de lettres « que le public ne tarderait pas à connaître, » et qui créent à leur auteur un titre littéraire d’une qualité très rare. Et c’est de sa part une sorte de coquetterie non moins rare que d’avoir attendu le lendemain de son entrée à l’Académie pour les publier, comme si, soldat avant tout, il n’avait voulu devoir son élection qu’à sa gloire de soldat et ne faire la preuve de ses mérites d’écrivain qu’une fois admis parmi ses illustres confrères. Cette preuve, du reste, ne surprendra personne. On se rappelle, ici même, les admirables pages sur le Rôle colonial de l’armée, qui jadis, au moment où l’armée était en butte à tant d’outrages, nous apportèrent une nouvelle raison d’espérer en elle. De ce jour, le nom du général Lyautey nous fut cher. Il faisait une éclaircie dans notre ciel d’orage.

Ces Lettres du Tonkin et de Madagascar[1] que son ami M. Max Leclerc a éditées, avec un soin qui vaut qu’on le remarque aujourd’hui, étaient adressées tantôt à sa sœur ou à son frère, tantôt à un ami, toujours destinées à être lues par un petit groupe d’intimes : des lettres omnibus, comme il les appelle, mais qui se suivaient et prenaient vite, sans qu’il en ait eu le dessein, le caractère d’un journal. Autant dire

  1. Lyautey. Lettres du Tonkin et de Madagascar (1894-1899), 2 vol. in-8, chez Armand Colin.