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Qu’arrivera-t-il, alors ? Les « ions » positifs de l’air seront attirés par le plateau négatif, et tendront à le décharger ; les « ions » négatifs seront au contraire attirés par le plateau positif, et tout se passera comme si une partie de l’électricité du plateau négatif passait, à travers l’air, au plateau positif et réciproquement.

Autrement dit, tout se passera comme si l’air avait acquis une certaine conductibilité à l’électricité.

En résumé, l’air « ionisé » devient conducteur de l’électricité et d’autant meilleur conducteur qu’il est plus fortement ionisé, c’est-à-dire traversé par un rayonnement ionisant plus intense. C’est par suite de ces phénomènes que les rayons X, et ceux du radium notamment rendent l’air conducteur de l’électricité et qu’un corps chargé d’électricité perd rapidement sa charge dans l’air quand celui-ci est traversé par ces rayons.

Ceci dit, connaissant la valeur extrêmement faible de la conductibilité de l’air au niveau du sol, on peut calculer facilement quelle est la conductibilité des hautes couches de l’atmosphère, si les mêmes causes ionisantes agissent sur elle. On trouve ainsi que cette conductibilité, — étant donné la vitesse probable des déplacements de l’atmosphère supérieure, — est encore peut être 100 000 fois trop faible pour donner naissance à des courants électriques capables d’expliquer les variations de nos boussoles. Il faut donc que, dans sa partie supérieure, notre atmosphère, soit « ionisée » avec beaucoup plus d’intensité que près du sol.

Il doit effectivement en être ainsi, les astrophysiciens nous le prouvent. Car, — c’est ici que se ferme la chaîne rigoureuse de ces raisonnements et de ces faits, — le soleil doit émettre des radiations fortement ionisantes qui expliquent du même coup, et les courants électriques circulant dans la haute atmosphère, et pourquoi ces courants et les mouvements qui gouvernent nos boussoles, sont sous la dépendance étroite des fluctuations solaires.

En résumé : si le soleil émet des radiations capables d’ioniser fortement les couches supérieures de l’atmosphère, ces radiations et leurs fluctuations suffiront à expliquer, comme on va voir, les variations régulières ou brusques des éléments magnétiques. Le soleil intervient ici en déclenchant seulement les courants électriques de la haute atmosphère, par la conductibilité qu’il y produit, exactement comme les ondes très faibles de la T. S. F. déclenchent, par l’intermédiaire du tube de Branly, et en rendant ce tube conducteur, l’énergie aussi grande qu’on veut du relai télégraphique de réception.