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l’expérience que les rayons lumineux exercent sur tout objet une pression matérielle, une répulsion. Cette répulsion, évidente dans la théorie de l’émission de Newton, l’est beaucoup moins a priori dans la théorie ondulatoire de la lumière ; elle n’en existe pas moins. Cette répulsion est faible, impossible à mettre en évidence lorsqu’elle s’exerce sur des objets très gros ; mais le calcul montre que, lorsque la lumière agit sur des particules très petites, de l’ordre de grandeur des longueurs d’onde de la lumière, sa répulsion dépasse facilement le poids des particules. En effet, la pression de la lumière varie en raison directe de la surface des corps sur lesquels elle tombe, tandis que le poids varie en raison directe de leur volume.

Par conséquent, quand on diminua les dimensions d’un objet, sa surface diminue proportionnellement beaucoup moins vite que son volume, et la pression de la lumière finit par dépasser le poids. Le calcul montre que cela a lieu quand le diamètre de la gouttelette considérée est voisine d’un millième de millimètre. Il montre aussi que l’effet répulsif de la pression de la lumière est maximum lorsque le corps frappé a un diamètre à peu près égal au tiers de la longueur d’onde de la radiation incidente.

Quoi qu’il en soit, Arrhénius calcule ainsi que les poussières de l’atmosphère solaire doivent être en grande quantité projetées dans l’espace par la pression de la lumière solaire. Cette hypothèse à laquelle il a donné des développements ingénieux et grandioses lui ont fourni des explications plausibles d’un grand nombre de phénomènes et lui ont notamment permis d’expliquer comment il se peut que des germes vivants, des spores notamment, soient transportés d’un monde à un autre. Nous sommes ici pleinement dans le royaume de l’hypothèse ; mais c’est un royaume où il est parfois bien agréable de voyager.

La théorie d’Arrhénius a certainement une part de vraisemblance et peut-être même d’exactitude. En ce qui concerne le sujet qui nous occupe aujourd’hui, Arrhénius montre que ses particules errantes doivent être chargées d’électricité négative, ce qui est en effet bien probable, étant donné que la condensation des poussières et des gouttelettes se fait, l’expérience le montre, de préférence autour des ions négatifs de gaz.

Mais alors, l’atmosphère solaire restant chargée d’un excès sans cesse croissant d’électricité positive, il doit arriver un moment où sa charge positive est telle qu’elle doit s’opposera toute émission nouvelle de particules négativement chargées. C’est l’objection assez