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liquider, nous engageons l’avenir. Pourquoi n’avoir pas laissé aux Chambres le temps d’examiner sérieusement un projet qu’il n’y a intérêt pour personne à préparer dans l’ombre? le rapporteur général a répondu, en critiquant, à son tour, avec vivacité l’insistance que le gouvernement avait mise à réclamer le vote immédiat de lois tardivement déposées; mais il a ajouté qu’un projet d’emprunt, une fois présenté, ne pouvait rester en souffrance et il a invité le Sénat à se rendre, sans trop de mauvaise humeur, aux prières nocturnes du cabinet. Il a montré que notre trésorerie traînait actuellement une dette flottante extrêmement lourde, qui, non compris la dette extérieure, atteint environ 77 milliards de francs et qu’il est difficile de ne pas consolider prochainement. Le ministre a fait valoir, à son tour, des raisons qui ont brisé les dernières résistances; sinon calmé tous les mécontentements. A la vérité, la Chambre avait très sensiblement amélioré le mode d’emprunt proposé; elle avait fixé son choix sur un seul type, celui de six pour cent, qui avait été écarté lors des précédentes émissions, sous le déraisonnable prétexte qu’il pouvait exercer une action funeste sur le taux du crédit industriel, commercial, agricole, mais qui a l’avantager de la sincérité financière et qui, après les dix ans de garantie accordés aux rentiers par la loi; ménagera à l’Êtat la possibilité de larges conversions. Voilà donc la France à même d’alléger sa situation de trésorerie, à un moment où les finances publiques viennent d’être ramenées, des sentiers hasardeux où elles erraient, dans les voies de l’ordre et de la prospérité. C’est aux mouvements des changes que se mesurent le mieux les appréciations portées par l’étranger sur l’état économique et monétaire d’une nation. A en juger par cet indice, nous constatons maintenant, à notre bénéfice, un progrès continu. Depuis deux ou trois mois, le cours de notre monnaie, dont l’étiage avait coïncidé avec les premiers jours d’avril, n’a pas cessé de se relever. Fin juillet, le dollar avait baissé de 16 fr. 24 à 13 fr; 06 et la livre sterling de 63 fr. 93 à 48 fr. 62. C’est encore peu, sans doute, mais le mal est enrayé et la feuille de température est meilleure. Un autre symptôme de convalescence, qui est un corrélatif du précédent, apparaît dans notre balance commerciale. Nos exportations se développent et nos achats au dehors diminuent. Nous avons vendu sur les marchés étrangers des objets d’alimentation qui dépassent de 64p. 100 en valeur et de 81 p. 100 en poids les chiffres de l’an passé; des matières nécessaires à l’industrie, qui ont augmenté de 10 p. 100 en valeur et de 104 p. 100 en poids; des objets fabriqués, qui, par