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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/124

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FRANÇOIS BULOZ
ET LA COMÉDIE-FRANÇAISE

Diriger une Revue n’est pas une mince affaire : le lecteur peut m’en croire. Mais je songe à ce que ce devait être, quand, la Revue comptant seulement quelques années d’existence, il y avait tout à organiser, tout à créer. Or, François Buloz n’avait pas seulement à pousser dans le monde la Revue qu’il venait de fonder ; il présidait aux destinées de deux Revues, ayant aussi la direction de la Revue de Paris. Comme si ces doubles fonctions ne suffisaient pas à son activité, voici qu’au mois d’octobre 1838, il est nommé Commissaire royal près la Comédie-Française. Désormais, il pourra comparer son métier à celui d’un forçat, et affirmer qu’il n’a pas une minute de répit : nul ne le suspectera d’exagérer. Mais j’ai toujours pensé que, pour ces grands travailleurs, ces excès de travail sont un besoin. Ils s’en plaignent et ne sauraient s’en passer. Ils geignent, ils soufflent, ils ahannent ; mais ils aiment ces tours de force et ils s’y complaisent. C’est leur hygiène intellectuelle et même physique.

En nous initiant à l’intimité de ce fécond labeur, dans le nouveau volume qu’elle consacre à la biographie de François Buloz[1], Mme Pailleron nous fait assister à un spectacle vraiment impressionnait et qui n’est pas sans donner un petit frisson, comme celui d’une puissante machine en pleine activité. Les lecteurs de la Revue n’ont pas oublié ces piquants articles, si pleins de détails curieux et nouveaux, que seule pouvait nous

  1. Marie-Louise Pailleron : François Buloz et ses amis. — La « Revue des Deux Mondes » et la Comédie-Française. 1 vol. in-8o. Calmann-Lévy.