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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/135

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national, le Star-Spangled banner, commencé par l’orchestre, repris par tout le public, termine la manifestation et met tout le monde debout. Le chant achevé, le leader républicain donne la parole au chapelain pour la prière. Bien curieuse cette prière, longue comme un discours politique, et où l’on demande à Dieu d’inspirer, comme toujours, le parti républicain, — rien pour les démocrates, — dans la tâche difficile de choisir l’homme qui conduira le pays selon les règles traditionnelles d’honneur, de justice et de liberté.

Est-ce cette singulière, longue, diffuse et toute politique prière qui a exercé une fâcheuse influence sur l’auditoire, sur le chairman qui prononce maintenant le discours d’ouverture ? Est-ce la fatigue des débats de la nuit qui se fait sentir chez celui-ci ? L’atmosphère de la Convention est subitement changée ; un courant froid a passé sur l’auditoire et l’orateur. Celui-ci est, comme on dit ici, at his worst (à son pire). Il lit d’une voix fatiguée, monotone, mal entendue, en dépit des mégalophones, un discours qui paraît d’autant plus long que rien de ce qu’on attend n’y est et que tout ce que l’on sait sur les méfaits, négligences, incapacités du gouvernement démocrate, sur la politique mexicaine, sur les mandats étrangers, enfin sur la Ligue des Nations et spécialement sur l’article 10, tout enfin ce qui a été dit, répété cent fois au Sénat, dans les articles de journaux, au cours des interviews et qui est connu de chacun et de tous, s’y trouve L’orateur ressent l’impression qu’il produit et galope. L’auditoire attend la fin plutôt qu’il n’écoute.

Le discours terminé, sans grands applaudissements, la Convention est immédiatement ajournée à demain onze heures. Il est dans la tradition que cette journée d’ouverture doit être assez terne. La Convention de 1920 aura cette fois renforcé la tradition.

La foule s’écoule lentement. Les grands premiers rôles et les privilégiés se retrouveront, tout à l’heure, à l’hôtel Blackstone au lunch.

La vaste, élégante salle à manger de l’hôtel Blackstone, avec ses innombrables, étincelantes petites tables dans le jour ensoleillé, tamisé pourtant par la soie claire des stores, est presque historique. C’est là que, depuis que la Convention républicaine se tient à Chicago, le monde, — le monde politique et la société de Washington, — se retrouve. Là ont passé, dîné,