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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/243

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reprendre coûte que coûte les tranchées perdues, et j’envoie trois compagnies de marins en renfort, tandis que le colonel Meyser expédie deux compagnies du 11e de ligne. En même temps, je fais ouvrir le tir de barrage par toute l’artillerie. Notre compagnie Cantener refoule les troupes qui se replient aux abords de la route d’Eessen, contre-attaque l’ennemi, et le déloge des tranchées conquises. Mais la situation n’est pas plus tôt rétablie de ce côté qu’il faut renforcer le Sud, violemment attaqué à son tour. Finalement, la bagarre cesse vers 21 heures, sans que notre front ait été entamé, mais j’y maintiens les compagnies de renfort, et les marins ont dès lors la valeur de deux bataillons aux avant-postes.

Pour ce qui concerne la situation générale, je n’ai que peu de renseignements sur ce qui se passe dans le Nord, où je sais seulement que les Allemands ont atteint l’Yser. Le corps de cavalerie qui opère dans le Sud a maintenant ses avant-gardes sur la ligne générale Blankaert-Naçhtegaal-Mangelaare-Veldhoek-Langemark et Saint-Julien. C’est un recul sérieux, et nous avons perdu la forêt d’Houthulst. Le corps de cavalerie compte cependant reprendre l’offensive sur Zarren, dès que ses avant-postes auront été relevés par les troupes britanniques.

Dans la nuit, le général Bidon, gouverneur de Dunkerque, me fait savoir qu’il attaquera demain dans le flanc des Allemands, sur Merckem, avec les 87e et 89e divisions territoriales placées sous ses ordres, et que, si l’attaque réussit, la 89e DT occupera la ligne Noordschoote-Saint-Jacques-Cappelle où elle se reliera à la droite des marins.

Je prescris de relever dans la nuit les unités trop fatiguées ou éprouvées. C’est une opération toujours laborieuse autant que dangereuse et fatigante pour les troupes, mais c’est une nécessité.

À mon Q. G. la situation devient tout à fait inconfortable. Il n’y a plus de vitres aux fenêtres, et la gare, qui n’est qu’une halte, est fort petite. Nous ne pouvons nous reposer qu’en restant assis sur un banc ou sur le plancher du bureau du chef de station qui est encombré par mon état-major, celui de l’artillerie, les officiers et agents de liaison, etc. L’exercice du commandement est difficile dans ces conditions, mais il m’est impossible de m’établir ailleurs, et surtout plus loin où je risquerais d’être averti trop tardivement de ce qui se passe, faute de téléphones. Pour améliorer notre situation, je fais construire, par le génie