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En sortiront avec la bonne estampille ceux-là seuls, qui auront donné, après des cours réguliers et un concours difficile, la preuve de leur capacité. Particularité curieuse, et heureuse : on n’y montrera pas exclusivement la bonne façon d’enseigner l’orthographe ou la grammaire, ou le style, ou la littérature : on donnera, sur les pays mêmes où chacun sera appelé à professer, les notions nécessaires pour éviter les froissements, les heurts, et les malentendus d’où naissent quelquefois, le plus sottement du monde, les pires inimitiés.

Signe des temps, heureux signe des temps : ce grand effort d’organisation, même les puissances officielles le favorisent et le dirigent. L’Instruction publique s’occupait mal volontiers, jadis, des choses de l’étranger ; elle ne voulait instruire que chez elle ; elle aimait garder ses nourrissons, surtout les meilleurs, étroitement groupés ; elle avait peur des expéditions lointaines, qui lui semblaient toujours de périlleuses aventures. Maintenant, elle change son point de vue ; elle comprend qu’il faut profiter d’un moment unique. Jamais ministre n’a travaillé davantage à répandre l’influence française hors de France ; jamais ministre ne montra, dans ce sens, volonté plus opportune et plus efficace.

On sait qu’entre autres initiatives, il veut assurer aux fils des Français qui résidaient à l’étranger, et qui sont morts au champ d’honneur, la possibilité de recevoir la culture nationale, soit en les appelant vers la mère patrie pendant la durée de leurs études, soit en fondant dans les diverses capitales des cours plus spécialement destinés à leur usage : idée équitable et belle, qui allie à notre expansion intellectuelle le souci d’honorer nos morts, en rattachant leurs fils à une tradition sacrée. Les Affaires étrangères considéraient, naguère encore, que la diffusion de notre langue n’était pas de leur compétence : par une plus juste intelligence des choses, elles ont créé un service des œuvres françaises à l’étranger. Tant il est vrai que se manifeste partout, dans notre France avertie par la plus rude et la plus salutaire des leçons, la conscience des nécessités que nous imposent non seulement nos intérêts, mais notre honneur.


v. — la vitalité du français et de la france

On le voit : si le français n’a pas été considéré comme la seule langue diplomatique valable pour la rédaction du traité