Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/436

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment donné naissance à celles-ci ? Cela ne veut-il pas dire plutôt, et seulement, que les Novæ, par un mécanisme encore mal élucidé, rendent simplement visible une nébuleuse qui préexistait déjà sans être lumineuse ?

On discute beaucoup sur ces problèmes, et il faut avouer qu’ils ne sont pas près d’être résolus.

Et maintenant une question se pose qui domine tout, ici, comme ailleurs. Pourquoi ? Quelle est la cause, quelle est l’origine, quel est le mécanisme de cet incendie soudain qui, au fond du firmament, allume parfois le phare gigantesque et fugace d’une Nova ?

Des hypothèses nombreuses ont été émises pour expliquer le phénomène. Nous n’en retiendrons que les plus plausibles, celles qu’ont laissées à peu près intactes tous les faits récents relatifs aux Novæ qu’ont apportés les méthodes modernes de l’astrophysique.

Une théorie qui a eu longtemps la faveur des hommes de science et à laquelle Arrhénius a, récemment encore, donné son adhésion fortement motivée, est celle dont le principal protagoniste fut Vogel. D’après cette théorie, les Novæ seraient causées par la rencontre de deux étoiles obscures et éteintes, comme on sait, — notamment par l’étude des étoiles variables, — qu’il y en a un grand nombre dans le ciel. Il est d’ailleurs difficile d’appliquer les données du calcul des probabilités à la détermination des chances pour que deux étoiles se rencontrent, précisément parce que nous ignorons l’importance numérique relative des étoiles brillantes et des étoiles éteintes.

Cette théorie qui a été longtemps en faveur paraît définitivement devoir être abandonnée à la suite des observations de Nova Cygni que nous avons faites personnellement à l’Observatoire de Paris il y a peu de jours et dont il a été rendu compte à l’Académie des Sciences.

Mesurant à diverses reprises la température effective de la Nova (au moyen d’un appareil, le photomètre stellaire hétérochrome, qui permet de déduire cette température de la répartition de l’intensité dans le spectre de l’étoile) nous avons constaté que cette température n’était que peu supérieure à celle du soleil. Or, le calcul montre que, si l’apparition de la Nova était causée par la rencontre de deux astres obscurs, la température superficielle engendrée par le choc devrait dépasser énormément même celle des étoiles les plus chaudes, des étoiles à hydrogène et des étoiles à hélium. Or nous avons trouvé, pour ces étoiles les plus chaudes, des températures effectives supérieures à 15 000 degrés. Au contraire, mesurant la température effective de la Nova Cygni, nous avons trouvé, dans la nuit du 27 au 28 août,