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que cette température était d’environ 6 100°, à peine supérieure à celle du soleil, et dans la nuit du 29 au 30 avril, nous l’avons trouvée égale à 7 800°, c’est-à-dire encore relativement faible et voisine de celle des étoiles du type Polaire.

Ces chiflres paraissent inconciliables avec la théorie des Novæ qui attribue celles-ci à la rencontre de deux astres.

Mais des nombres précédents une autre remarque encore se dégage. Le jour où nous avons trouvé la température effective de la Nova égale à 7 800°, l’étoile était d’une demi-grandeur, c’est-à-dire très notablement moins brillante que le jour où nous avons trouvé cette température égale à 6 100°. A priori, on aurait pu s’attendre au contraire, étant donné que généralement une augmentation de température d’un corps incandescent s’accompagne d’une augmentation de son éclat.

Dans le cas de la Nova, tout semble jusqu’ici s’être passé comme si quelque chose avait progressivement absorbé davantage les rayons lumineux, à mesure qu’ils devenaient plus intenses. C’est ce qui serait arrivé, par exemple, si l’étoile à mesure qu’elle s’échauffait s’était entourée d’une atmosphère de plus en plus épaisse et absorbante.

Or il est précisément une théorie des Novæ qui semble cadrer assez bien avec les faits et l’interprétation précédente. Cette théorie a été émise par Huggins et perfectionnée par M. Deslandres. D’après elle, ce serait non pas le choc, mais le simple rapprochement de deux astres éteints qui causerait les Novæ. Ce rapprochement doit engendrer, en effet, des marées gigantesques de la masse interne ignée et fluide des deux astres. Il doit s’ensuivre de véritables et violentes éruptions de cette masse ignée et des gaz incandescents qui l’accompagnent (comme dans nos éruptions volcaniques), et cela avec véritable dislocation de l’écorce refroidie qui recouvrait cette masse interne. On s’expliquerait très bien de cette manière, d’une part, que des masses gazeuses soient projetées avec violence du sein de l’étoile, comme l’indique le spectroscope, d’autre part, que l’étoile s’entoure ainsi, à mesure qu’elle devient superficiellement plus chaude, d’une atmosphère de plus en plus absorbante.

À côté de ces théories, il en est deux autres encore qui sont, elles aussi, séduisantes. D’après l’une d’elles, qui est due à Seeliger, la Nova se produirait, lorsqu’une étoile obscure rencontre une masse obscure de gaz nébulaire comme il y en a, de place en place, dans le ciel. Le frottement dû à cette rencontre rendrait incandescente la