Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/840

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chez eux. Comment s’étonner qu’ils se montrent jaloux, peut-être même à l’excès, d’une indépendance dont ils furent privés si longtemps et qu’ils ont eu tant de peine à recouvrer ? D’autre part, ils sont fermement résolus à écarter tout concours financier qui aurait pour condition plus ou moins dissimulée une mainmise sur leur organisation économique ou, à plus forte raison, un contrôle de leur action politique ; d’où les précautions qu’ils prennent pour exclure le capital allemand, dont ils ne se sont pas encore entièrement libérés. Enfin ils éprouvent une certaine répugnance à admettre chez eux les capitaux de spéculation, ceux « qui tirent tout du pays et n’y laissent rien ; » leur préférence va très justement aux « capitaux de travail ; » encore les Polonais désirent-ils que ces capitaux sérieux opèrent, non seulement à leur propre profit, mais aussi au profit de la Pologne, laissent dans le pays des traces bienfaisantes, contribuent à y augmenter le bien-être, à y améliorer les conditions matérielles et morales de la classe ouvrière ; cette préoccupation d’un État démocratique, dont toute la force repose sur les paysans et sur les ouvriers, ne doit pas surprendre et mérite bien plutôt d’être admirée.

Ces réserves faites, les Polonais souhaitent que les peuples étrangers, et surtout les peuples amis, apportent à la Pologne l’aide financière et l’aide technique dont elle a besoin pour s’organiser et se mettre immédiatement en mesure de contribuer par ses richesses naturelles, par ses industries, par son intelligence et son esprit d’entreprise, à la grande œuvre commune de civilisation et de progrès.


MAURICE PERNOT.