Des critiques sévères ont été adressées à la Marine, à l’occasion de la discussion du budget de ce département ; on l’a qualifié de budget de transition, de budget du moment, de budget d’abandon et d’oubli. Les honorables rapporteurs de la Commission des Finances, à la Chambre ou au Sénat, ainsi que les orateurs qui ont pris la parole au Parlement, ont tous été d’accord pour reconnaître que la Marine subit une crise grave, et que l’énormité de ses dépenses ne correspond point aux services qu’elle rend actuellement au pays. Ces critiques dépassent le cadre des chapitres budgétaires ; elles s’adressent à l’organisme lui-même. On sent que, derrière le budget de la Marine, il n’y a qu’inconsistance et gaspillage. Des voix autorisées, comme celle de M. Leygues, ont fait ressortir l’admirable effort accompli par nos marins au cours de la guerre. Il ne faudrait point toutefois que les plis glorieux du drapeau des fusiliers de l’Yser dérobassent les erreurs administratives, et qu’il suffit d’acclamer, au sein de la Chambre des députés, les noms de Ronarc’h et de Guépratte pour que l’écho de ces justes hommages couvrit la voix de ceux qui ont des comptes à demander aux bureaux de la rue Royale.
Nous ne saurions mieux faire, pour juger le budget de 1920, que de reproduire l’exergue du rapport de M. Henry Bérenger, rapporteur de la Commission sénatoriale des Finances : « Ce budget, dit-il, n’ouvre aucune vue d’ensemble sur l’avenir maritime de la France. Il n’amorce aucun programme technique pour les nécessités navales de demain. Il apparaît