Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/870

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

53 pour le Japon, 35 pour l’Italie et 46 pour la France.

La disproportion qui existe entre les crédits relatifs au matériel et ceux qui sont votés pour le personnel a été mise en lumière par M. Henry Bérenger. Celui-ci a fait ressortir qu’en 1914 les dépenses votées par les deux assemblées pour le personnel s’étaient élevées à 447 millions contre 366 millions pour le matériel. En 1920, les dépenses du personnel s’élèvent à 385 millions, et les dépenses pour le matériel à 483 millions. Tandis que les dépenses du personnel ont augmenté de 238 millions, les dépenses du matériel se sont accrues de 116 millions. Le coefficient d’augmentation des dépenses ressort donc à 2,5 pour le personnel, et à 1,25 seulement pour le matériel. La vieille boutade maritime : « Vendons le matériel au profit du personnel, » cesserait d’être profitable à ce dernier. La valeur de la flotte ne suffirait plus à contenter les hypothétiques co-partageants.

Une autre remarque s’impose. Il y a disproportion entre l’intérêt de l’utilisation du matériel d’une part, et l’importance numérique du personnel navigant d’autre part. Il est prévu à notre budget un effectif moyen de 56 000 matelots, officiers non compris, soit plus du tiers de l’effectif total de la marine anglaise, qui n’atteint pas 150 000 hommes. Le coefficient numérique de l’effectif anglais et français est donc dans la proportion de 4 à 2,5 ; le coefficient de la valeur militaire des deux flottes est peut-être de 1 à 10. Nous employons nos marins à servir des unités démodées ; il est étrange de voir figurer sur la liste de la flotte, même pour servir de bâtiments-écoles, des bâtiments du type République.

Malgré l’armement de toutes ces vieilles coques, on ne parvient pas à utiliser nos officiers de marine. Le nombre des postes à terre croît sans cesse. Sur 2 039 officiers de marine figurant au projet de budget de 1920, il en existe, d’après les tableaux annexés à ce projet de budget, 1 063 seulement pourvus de postes à la mer, soit une proportion de près de 50 pour 100 pour les postes à terre.

Ce dont meurt notre Marine militaire, c’est la surabondance des services auxiliaires qui se sont développés au point d’étouffer les services combattants, et de paralyser leur action. Sur les 600 millions de crédit du titre premier, la partie relative à l’entretien de la Marine militaire, — officiers de marine, mécaniciens, équipages, approvisionnements de la flotte, subsistances et