Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/871

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habillement (matières), — se monte à 325 millions environ. Il reste donc 275 millions employés en frais généraux d’administration ou affectés aux directions de travaux. Il importe de réaliser sans tarder des économies sur ces chapitres. Tout l’édifice naval est à reconstruire de fond en comble.

Au cours d’un article paru dans la Revue politique et parlementaire, M. Maugas, inspecteur général du Génie maritime, a proposé une réduction progressive de tous les cadres du personnel du département, réduction qui, d’après lui, devait aller jusqu’aux deux tiers de l’état actuel. C’est là une opération douloureuse, mais nécessaire. Tant que la Marine ne s’attaquera pas aux statuts des corps qui n’ont été accordés qu’à la suite d’une politique de surenchère, elle ne réalisera aucune réforme sérieuse. La guerre semble ne lui avoir rien appris. Le projet de 1920 est une aggravation du budget de 1914. Non seulement on ne réduit pas le personnel, mais sur certains points, les cadres, par rapport à 1914, ont subi des augmentations sensibles. Il y a moins de malades qu’en 1914, mais le budget prévoit 175 nouveaux médecins ! La Marine ne construit pas, et elle entretient 1 000 ouvriers de plus qu’en 1914 ! Une liquidation s’impose. Tout d’abord, celle des vieux navires sans valeur militaire, ainsi que de cette poussière navale, triste héritage de la guerre, que nous disséminons aux quatre coins du monde. Soyons bien persuadés que les peuples auxquels nous montrons notre pavillon sur des croiseurs vieux de vingt ans ou sur des sloops construits de bric et de broc, ne se font aucune illusion sur la valeur de ces navires, quelle que soit la gloire du pavillon qu’ils portent. Mais ce qui est essentiel, c’est la suppression des arsenaux et des établissements inutiles. Ce sont eux qui compliquent les rouages de la machine navale, eux qui encrassent ses organes essentiels, et en compromettent le rendement en absorbant inutilement de précieuses sources d’énergie humaine, en gaspillant la main-d’œuvre à une heure où notre pays a besoin de s’en montrer ménager.

Nous possédons en France 5 arsenaux : leur présence était utile du temps de la Marine à voiles. Ils constituent aujourd’hui un parfait anachronisme. Deux d’entre eux, Lorient et Rochefort, ne peuvent même point recevoir nos bâtiments modernes. « Ces établissements, dit le rapporteur du Sénat, comportent l’entretien onéreux d’un vaste matériel et d’un