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cachette, administre le sacrement de confirmation aux environs de Paris, et les pompes qui accompagnent ces fêtes marquent le rétablissement presque complet des rites traditionnels. Cependant entre tous les lieux de culte, quatre surtout méritent d’être notés : c’est d’abord la grande église Saint-Eustache qui, par la rétractation à peu près complète du clergé paroissial, vient de faire retour à l’orthodoxie ; c’est, rue du Pot-de-Fer, la chapelle, — malheureusement trop exiguë, — de l’Instruction chrétienne où vient de reparaitre M. de Pancemont, l’ancien curé de Saint-Sulpice : c’est, place Royale, dans le quartier alors très élégant du Marais, l’église des Minimes où le curé, M. Dubois, prêtre lazariste, célèbre, le 19 juillet, avec un éclat extraordinaire, la fête de saint Vincent de Paul ; c’est enfin l’église Saint-Roch qui, le 16 août, se pare pour sa fête paroissiale.

A Paris, la joie se mêle d’inquiétude. Dans les provinces, surtout dans les provinces éloignées, on ne fait que soupçonner, mais sans en pénétrer l’acuité, le conflit des pouvoirs publics. Aussi rien ne trouble là-bas le retour aux pratiques chrétiennes. Bien que le projet de Camille Jordan n’autorise pas les manifestations extérieures, je note des processions dans la Sarthe, et, dans le Tarn, des pèlerinages. Dans la Lozère, les sacrements sont portés aux malades avec tout l’appareil de l’antique cérémonial. De tous côtés, de vieilles confréries renaissent et, dans le Midi, les pénitents rouvrent leurs chapelles. L’on est si persuadé de la bonne volonté des Conseils, qu’en de vastes contrées le culte reprend, entièrement libre, à la face des autorités indifférentes ou complices : ainsi en est-il dans l’Ouest, dans la région cévenole, dans une partie de la Lorraine, de l’Alsace, de la Franche-Comté.

Peu à peu, par des reprises à la fois timides et audacieuses, l’Église ressaisit le ministère de l’enseignement, celui de l’assistance, celui de la prière. Presque partout, d’anciennes religieuses, ursulines, visitandines, ouvrent obscurément de petites écoles. De divers côtés, des associations se reforment pour la visite et le soulagement des prisonniers. Dans la Haute-Loire, le Morbihan, ailleurs encore, de saintes femmes reparaissent, organisées en une sorte de tiers-ordre, qui visitent les pauvres, soignent les malades, ensevelissent les morts. Dans un certain nombre d’hôpitaux, les sœurs sont rentrées. Je note leur retour à Orléans, à Mâcon, à Chalon-sur-Saône, en diverses villes