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parce que le brevet, d’études permet de ne rester qu’un an dans l’armée en service actif au lieu de trois ans. Un professeur a de 600 à 1 400 thalers ; l’un d’eux, qui sort d’ici, à 800 thalers ; avec cela on vit gêné, il faut que la femme ait une dot. Très solides études des professeurs ; ils sont philologues ; chaque année, dans l’imprimé qui résume les études de l’année, l’un d’eux publie une dissertation spéciale, sur la doctrine de Théétête, sur Hesychius, sur tel point spécial de littérature savante. Cela ne ressemble guère à nos discours et parades oratoires de la distribution des prix. De cette façon un professeur savant se fait connaître ; c’est le collège qui paie les frais d’impression. « Les professeurs de collège font d’aussi bons livres que les professeurs d’université. » — À Iéna, quatre cents étudiants. Les cours de médecine, de théologie, sont fort suivis ; un professeur peut, avec ses cours particuliers, se faire en tout 2 000 thalers. — Vie restreinte ; ils travaillent et se voient entre eux ; le recteur est invité à la cour. M. K… n’a pas lu la Verlorene Handschrift de Freytag ; mais il dit que ce roman passe pour être pris sur le vif, qu’on en nomme les types.

Le soir, nous sommes allés boire de la bière à un café sur le haut du parc. Concert très bon de vrais musiciens ; ils viennent en quinze jours de jouer quatre grands opéras de Wagner, après une seule répétition ; affluence d’étrangers et grand succès. Cette bonne musique, sous les derniers rayons du soir et les rougeurs enflammées du couchant dans les magnifiques feuillages mouillés, me donne une sensation de bonheur intime.

Autre visite, chez M. G… député aux États de Saxe-Weimar et au Reichstag, grossherzoglich Staatsanwalt (procureur général). Appartement au second sur le parc, vue magnifique, mobilier très simple, bonnes gravures aux murailles, le parquet en bois non ciré, lui-même en longue robe de chambre assez usée, rien pour la montre ; calme, sensé, et parlant bien, en homme qui a l’habitude de la vie publique. Voici le résumé de sa conversation. « Nous ne souhaitons pas l’État unitaire, mais la confédération telle que nous l’avons sous l’hégémonie de la Prusse, et cela pour deux raisons. 1o Parce que les petits États sont des centres de vie intellectuelle et sociale, et qu’une trop grande centralisation nuit au développement d’une nation. Voyez Weimar, Dresde, Francfort, Hanovre, qui sont, des centres suffisants où un homme peut trouver son développement