laquelle on avait si malheureusement renoncé le 21 juin.
A travers ce déchaînement d’intrigues souterraines, par lequel la cour d’Athènes essayait encore de duperies Puissances alliées que leur aveuglement et leur crédulité avait empêché de voir le péril qui les menaçait, il est consolant d’entendre M. Jean Guillemin le leur dénoncer avec une lucidité persuasive et crever le ballon allemand dont Constantin s’est fait l’aéronaute pour asservir son royaume au profit des Hohenzollern.
« Il n’y a que deux hommes en Grèce, le Roi et M. Vénizélos, écrit le ministre de France dans une dépêche à M. Briand. Le premier est le champion des Allemands, le second est le nôtre. Que nous le voulions ou non, dans ce pays devenu un champ de bataille diplomatique, la victoire du parti vénizéliste aux prochaines élections sera notre victoire, sa défaite sera notre défaite. Je ne nie pas qu’en dehors de ce parti, il n’y ait des hommes qui aiment sincèrement la France, tel M. Zaïmis, par exemple ; mais ils n’existent pas à l’état de groupement politique, de force utilisable au profit de notre cause.
« Ce n’est pas là seulement ma conviction personnelle, c’est l’avis unanime de tous ceux qui m’entourent. Il me sera peut-être permis d’ajouter que ce n’est pas non plus, comme on l’a dit souvent, un préjugé, une idée préconçue ; je n’y suis arrivé qu’après avoir épuisé tous les efforts pour trouver un terrain d’entente avec le Roi, avec les personnes de son entourage, avec des hommes comme M. Streit, le général Dousmanis, M. Stratos, même les Skouloudis, Gounaris et Rallys, chez lesquels je n’ai jamais rencontré, sous une obséquiosité de surface, que le désir ardent de la victoire allemande.
« Après la guerre, il se peut que nous ayons intérêt à changer de politique en Grèce, mais actuellement nous ne devons pas y favoriser nos ennemis. Si nous nous laissions duper par l’apparence de leur repentir tardif, fruit d’une salutaire terreur, nous les retrouverions demain dressés devant nous, l’outrage et la calomnie à la bouche, comme ils l’ont été pendant ces neuf mois, où, en dehors du parti vénizéliste, aucune voix ne s’est jamais élevée en notre faveur dans ce pays trompé, trahi, vendu et livré peu à peu sous nos yeux aux Allemands, aux Bulgares et aux Turcs par la complicité expresse ou tacite de ceux qui nous demandent aujourd’hui de nous lier à leur amitié. »