hésitations qu’on lui reprochait. Lié à la politique française, il nous avait donné d’indiscutables garanties de loyauté. Son retour au pouvoir serait pour la France un triomphe, à la condition qu’il s’effectuât avec une majorité importante.
Il était d’ailleurs impossible que l’occupation de Larissa et de Cavalla par les Germano-Bulgares ne donnât pas lieu aux nouvelles les plus alarmantes. C’était un événement d’une gravité exceptionnelle un ce sens qu’il assurait au gouvernement du roi Constantin un succès électoral dans la Macédoine orientale et menaçait Vénizélos d’un échec.
Dans ce mois d’août, tout concourait à prouver combien les esprits travaillaient et la crédulité avec laquelle ils acceptaient tout ce qui pouvait les effrayer. C’est ainsi que le 22, le bruit se répand que les ennemis envoient des forces importantes à Ekaterini, pour s’emparer du chemin de fer d’une part et des contreforts du Mont Olympe de l’autre. On parle d’artillerie lourde déjà prête à s’installer à la frontière pour battre le golfe de Salonique, de forces importantes qui marcheraient sur Larissa d’où un détachement austro-allemand se porterait sur Athènes, pour arrêter Vénizélos ainsi que les ministres de France et d’Angleterre. Le service des renseignements franco-anglais était parvenu à saisir la correspondance de la Légation allemande. Ces documents ne laissaient aucun doute sur les préférences du Roi ; on y trouvait plusieurs lettres de l’attaché militaire de cette Légation, dans lesquelles il se félicitait de son intimité avec le souverain et avec la Reine. Il se flattait de les voir trois ou quatre fois par semaine, de savoir manier le Roi, de causer seul à seul avec lui pendant des heures entières après ses fréquents diners au Palais et, en un mot, d’être l’ami et le confident à qui on a recours en toutes circonstances.
Dans une autre lettre signée de Théotokis, maréchal de Cour de la Reine, écrite en grec à son frère, ministre de Grèce à Berlin, la germanophilie du Palais se révélait avec force ; tout y était envisagé au point de vue allemand. Il faut y relever la phrase où il est dit que « l’Autriche a subi de rudes défaites et que, malheureusement, les Allemands ne peuvent boucher tous les trous. Si les choses continuent ainsi, il faut s’attendre à une troisième année de guerre. » « Du reste, est-il dit encore dans cette pièce révélatrice, à l’intérieur la situation est satisfaisante ; Vénizélos perd du terrain tous les jours. »