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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/219

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entrefaites, Caroline, la fille de Mme Branchu, qui revient d’Angleterre, annonce qu’elle a vu Ondine, qu’elle va en porter des nouvelles à Mme Valmore. Il faut entendre, à cette nouvelle, cette mère heureuse de la visite annoncée, écrire à son enfant, en parlant de la petite Branchu : « Je chercherai si bien, dans ses mains, dans ses yeux et dans son cœur que j’y trouverai quelque chose de toi, ma fille ! »

Il faut croire que, malgré tant d’espérance, le traitement du médecin anglais n’apporta à Ondine qu’un mieux-être passager. À peine de retour en France et jusqu’à son mariage projeté avec Jacques Langlais, il fallut que la jeune fille retournât une seconde, puis une troisième fois à Londres. Ces arrachements, chaque fois, brisaient Mme Valmore. À Frédéric Lepeytre, l’un de ses correspondants, la mère de douleur, comme si l’irréparable eût passé sur elle, écrivit dans ces circonstances : « On m’aurait marché sur le cœur qu’il ne serait pas plus meurtri ! »

Devenue, avant son mariage même et grâce à l’appui d’Armand Marrast ami de Mme Bascans, « dame inspectrice des institutions de demoiselles dans le département de la Seine, » Ondine put espérer un moment rencontrer, dans ces fonctions faciles pour elle, un adoucissement à sa situation maladive. Cependant, dès le commencement de l’année 1853, l’hiver amena une rechute chez la jeune femme souffrant encore des suites d’une maternité laborieuse. Il fallut, en raison de la saison déjà froide et faute de campagne, accepter de la ramener rue de la Pompe, à Passy, chez Mme Bascans. C’est ici, une fois de plus, de même que pour sa fille Inès, que Marceline Desbordes gravit les degrés du Calvaire ! Et c’est Arthur Pougin qui a dit comment, « quelque temps qu’il fit en ce cœur de l’hiver, » la pauvre mère quittait chaque jour la rue Feydeau où elle habitait pour « s’en aller là-bas soigner son enfant ! »

Mais les soins, même les plus assidus, les plus dévoués, ne pouvaient plus rien pour arracher à la mort la phtisique condamnée. Le 12 février 1853, Ondine mourut. Alors « tout ce qui se passe dans les cœurs poignardés et brûlants, » dans les cœurs suppliciés, cette mère le connut. « Ivre de mort et d’amour, » comme Michelet a dit en la nommant, Mme Valmore, d’abord comme assommée sous le coup funeste, se raidit autant qu’elle put. « « Vous savez, écrivit-elle à ce moment à