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guerre, s’abouche à Vienne avec le nonce Scapinelli pour préparer, a-t-on dit alors, les voies à un Concordat. Du reste, même l’Eglise bulgare, vers 1860, au plus fort de ses démêlés avec le Patriarchat de Constantinople, ne marqua-t-elle pas des velléités de s’unir à Rome ? L’intrigue a pris souvent le masque catholique, — comme d’ailleurs, et bien entendu, le masque gréco-russe, — dans la péninsule des Balkans. Quand elle a réussi à mettre la force de son côté, et, par exemple, au moment de la signature du traité de Bucarest, certaines annexes stipulaient, au profit des Missions allemandes ou austro-hongroises en Roumanie, le droit à une sorte de personnalité civile, qui emportait celui de se constituer en associations légales et d’ouvrir des maisons d’enseignement. L’équilibre des influences a certainement changé d’aspect dans cette partie de l’Europe ; mais les influences y sont-elles beaucoup plus désintéressées et ne disposent-elles pas toujours des mêmes moyens ?

La résurrection de la Pologne a certainement répondu au vœu de la Papauté, sinon même à un espoir qu’elle fut presque seule à entretenir pendant la seconde moitié du XIXe siècle, et qui perce sous les protestations arrachées à Pie IX par la persécution russe. Traditionnelle ou actuelle, la Pologne mérite au mieux, en effet, d’être qualifiée Puissance catholique, si tant est que, dans la langue, politique, ce terme offre un sens défini. En tout cas, c’est la nation, parmi les Slaves, dont le clergé se tient le plus naturellement soumis à la discipline romaine. Elle s’enorgueillit de la pureté de son catholicisme. Elle a tenu haut le drapeau de sa religion contre l’Islam et contre le schisme russe. Mais tout cela, précisément, ne semble guère la disposer à collaborer à une politique qui tend à la réconciliation des deux Rites, ni peut-être même à en juger la portée avec sang-froid. Ajoutez que la nouvelle République hérite un peu de l’antipathie des Polonais de Galicie contre les Ruthènes de la même province, antipathie de race, entretenue par une différence rituelle, puisque ces Ruthènes, en très grande majorité, sont Uniates.

Autour de cette question uniate gravite un des plus délicats problèmes qu’ait à se poser la Cour de Rome, même si elle en pouvait laisser de côté les aspects proprement religieux et disciplinaires. Pour gagner les Orientaux, cherchera-t-elle à propager le Rite uni, qui laisse à ces derniers l’extérieur d’un Culte