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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/395

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quelque arrière-pensée de pénétration plus utilitaire. Anglicane, elle s’inspire de l’un et l’autre mobile, très probablement aussi d’un troisième, celui-là politique, puisque nous savons que l’Église officielle d’Angleterre, depuis fort longtemps, cherche à entrer en rapports confessionnels avec les Églises grecques ou slaves, pour le plus grand profit de l’influence britannique.

Dans les Balkans, à la rivalité classique entre le protectorat catholique de l’Autriche et l’influence protectrice de la Russie sur les Églises autocéphales, succède un ordre de choses qui entrait depuis longtemps dans les vues de la Cour romaine. L’ère est ouverte des rapports diplomatiques directs et des Concordats avec les États nouveaux. Comme s’il avait le sentiment d’une entaille dans la tradition confessionnelle, et d’une entaille qui peut s’élargir, le haut clergé orthodoxe considère ce changement d’un regard qui n’a rien d’approbateur. Les évêques roumains ont même manifesté assez haut leur mécontentement, et se son* hâtés de convier leurs collègues de la Transylvanie annexée à former corps avec eux pour la défense de l’Église nationale commune. Nous aurons déjà un critérium de l’état politique intérieur, quand nous saurons jusqu’à quel point les pouvoirs publics et l’opinion laissent le catholicisme prendre du champ, et donner libre jeu à ses différents organes, parmi lesquels n’oublions pas de compter les Congrégations. Il se pourrait que l’indifférence religieuse, qui est le fait de beaucoup de ministres, députés et membres des classes moyennes balkaniques, — soit dit sans les désobliger, — laissât au Vatican les coudées assez franches.

C’est une autre question, celle-là d’importance extérieure, de savoir quel sera l’esprit de la politique catholique, une fois à l’aise dans les Balkans. Elle n’a plus à tenir compte des combinaisons autrichiennes : le Saint-Siège lui peut donner des inflexions indépendantes. Qui sait quels intérêts locaux, nationaux, généraux peut-être, lui feront des avances ? Et qui sait à qui elle jugera opportun d’en faire à son tour ? On ne peut s’empêcher de penser, par exemple, à la versatilité de Ferdinand de Cobourg, qui, pour des raisons assurément politiques, fait abjurer le catholicisme à son fils Boris, est excommunié, puis se réconcilie avec l’Église romaine, obtient du vicaire apostolique de Sofia, Mgr Menini, la bénédiction nuptiale pour son second mariage avec la princesse de Reuss, enfin, pendant la