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d’autre cause. De 1914 à 1918, la persécution politique, en Transleithanie, a confondu les prêtres des deux religions. Pendant la Conférence de la paix, Mgr Caritch, évêque catholique, et Mgr Bulitch, conservateur des trésors archéologiques de Spalato, vinrent à Paris prendre contact avec la Délégation de leur pays, porteurs de desiderata signés collectivement par un certain nombre de leurs collègues et de prêtres des deux Rites.

Sous Léon XIII fut conclu le Concordat avec le Monténégro (1886) ; sous Pie X le Concordat avec la Serbie (1914). Aujourd’hui que la Papauté est entrée dans une période d’épanouissement de ses contacts diplomatiques, il n’est que juste de rappeler que deux gouvernements jugo-slaves, parmi les Puissances « orthodoxes, » ont été les premiers à donner l’exemple de la courtoisie et de la confiance à son endroit, à une époque où, en prenant cette attitude, ils étaient sûrs de déplaire tout en même temps à l’Autriche et à la Russie.

Toutefois, un concours de circonstances et de conditions intérieures si favorables, en Jugoslavie, à la maturité d’un rapprochement spirituel entre l’Eglise catholique et l’Eglise gréco-slave, trouve sa contre-partie dans les exigences de tiers intérêts, dont la politique prend nettement à revers les intentions que le Saint-Siège dirige vers ce but. Déjà, pendant la guerre, la Cour de Vienne s’était efforcée d’obtenir du Vatican qu’il désavouât l’attitude patriotique, et, — les événements l’ont prouvé, — clairvoyante, du clergé slovène, croate et dalmate. On attendit, à Rome, jusqu’à la décision du conflit, pour reconnaître officiellement le délégué du Gouvernement de Belgrade, autrement dit d’un pays qui, pour traverser à ce moment les pires épreuves, n’en était pas moins concordataire. M. Gavrilovitch fut traité avec égards, et certes sa distinction le méritait bien, mais enfin jamais son nom n’a figuré dans l’Annuario pontificio, à côté de ceux de diplomates russes qui pourtant, à la même époque, ne représentaient plus personne. — Plus tard, l’annexion à l’Italie de l’Istrie, du Gorizien et d’une partie de la Carniole a donné lieu, dans le personnel ecclésiastique de ces provinces, à des mutations qui étaient sans doute naturelles, mais dont quelques-unes auraient peut-être gagné à ne pas devancer la signature du traité de Saint-Germain. Enfin M. Gabriele d’Annunzio fait son apparition sur les premiers plans de la scène contemporaine et trouve moyen de procurer l’insertion