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sous une forme beaucoup plus maniable, un instrument sans pareil pour l’étude des étranges paysages de la lune. Ces documents ont été obtenus au moyen du Grand Équatorial coudé qui est l’instrument le plus puissant de l’Observatoire. Ils prouvent que, quoi qu’on en ait dit, le ciel de Paris est d’une admirable qualité, par le calme et l’homogénéité de son atmosphère, pour les observations astronomiques.

Ceci vaut en effet d’être noté en passant : si le ciel de Paris est un peu moins limpide que celui de la campagne à cause des fumées et des poussières, si par suite les images des astres y sont un peu moins lumineuses (ce qui n’a pas d’inconvénient pour la plupart des recherches), en revanche c’est un fait nettement constaté, que ces images y sont beaucoup plus nettes, plus calmes, moins agitées que dans la plupart des observatoires situés en pleine campagne.

Ce fait curieux a été mis en évidence par tous ceux qui ont eu l’occasion de faire l’étude comparative des conditions de visibilité des astres dans les divers observatoires français, et notamment par M. Jarry-Desloges, spécialiste averti des observations planétaires, qui a fait de ses constatations l’objet d’une communication récente fort remarquée à l’Académie des sciences.

A quoi tient ce fait étrange? Pourquoi les images stellaires ou planétaires sont-elles plus nettes, plus distinctes, moins agitées de mouvements parasites à l’Observatoire de Paris qu’à ceux de Meudon, de Nice ou d’Alger? Sans doute aux heureuses conditions topographiques qui décidèrent du choix de l’emplacement où Louis XIV fit édifier l’Observatoire national. Celui-ci est au sommet d’une éminence modérée et d’où la plaine dévale à peu près également en tous sens. Les conditions y sont symétriques. Au contraire, l’Observatoire de Meudon est au bord d’un plateau surplombant une vallée ; ceux de Nice et d’Alger au bord de la mer, dominant celle-ci d’assez haut. Il s’ensuit que, dans ces derniers postes d’observation, il y a une dissymétrie des couches de niveau de l’atmosphère qui sont inclinées par le terrain. De là sans doute, des courants d’air irréguliers, ascendants, descendants ou obliques, et qui expliquent pourquoi, tout en étant plus brillantes qu’à Paris, les images des astres y sont moins homogènes et moins calmes.

Ce moindre éclat des images astrales à Paris ne parait pas d’ailleurs capable d’entraîner des inconvénients bien sérieux, même pour les objets célestes à faible visibilité, si l’on en juge par le nombre des nébuleuses nouvelles que M. Bigourdan a découvertes récemment