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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/463

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Les photographies lunaires obtenues au grand équatorial coudé de l’Observatoire ont été réalisées avec une durée de pose d’environ une seconde, pendant laquelle l’instrument est assujetti à suivre très exactement le mouvement apparent de la lune. Il ne faut qu’une pose de quelques dix-millièmes de seconde pour obtenir du soleil des photographies comparables.

En fait, le soleil est environ 600 000 fois plus brillant que la pleine lune. Cela veut dire que, si le ciel étoile était sur toute sa surface d’un éclat uniformément égal à celui de la pleine lune, nous n’obtiendrions encore qu’un éclairement six fois moindre que celui du ciel à midi par un beau temps. La première impression, non étayée de mesures photométriques précises, est certainement que la différence paraît moins grande que cela entre les éclairements du soleil et de la lune.

Dans ce domaine d’ailleurs, il y a bien d’autres impressions qui sont erronées. Ainsi, l’on croit couramment que la lumière de la lune est plus bleue et moins jaune que celle du soleil, et les peintres figurent en bleu les clairs de lune et en jaune les paysages ensoleillés. Or, c’est le contraire qui est vrai. Le soleil est réellement beaucoup plus bleu que la lune et celle-ci beaucoup plus jaune que lui. L’impression contraire est due à une illusion d’optique, le phénomène de Purkinje. C’est cette illusion et non la réalité que figurent les peintres.

Un coup d’œil d’ensemble sur les photographies lunaires de l’Observatoire nous montre que, non agrandie, la lune y a un diamètre de 16 centimètres. En regardant cette image à une distance de 16 centimètres (ce qui est un peu plus que la distance minima de la vision distincte), nous voyons à peu près la lune comme si nous planions à 3 000 kilomètres au-dessus d’elle, alors qu’elle est réellement à 360 000 kilomètres de la terre. Mais ces photos supportent un agrandissement tel que la lune y est vue alors comme si nous en étions séparés par 450 kilomètres seulement, ce qui est à peu près la distance de Paris à Brest. Mais de Paris nous ne voyons pas Brest à cause de la rotondité terrestre et surtout à cause de l’absorption énorme des rayons lumineux par l’air. Cette absorption dans le sens horizontal est telle que la lumière d’un astre situé au zénith est moins absorbée par notre atmosphère que celle d’un objet situé au niveau du sol à 8 kilomètres. Or ces photographies de la lune sont prises quand elle est près du zénith.