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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/467

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1 200 mètres de moins que le nuire, et ainsi se trouve respecté, — une fois n’est pas coutume, — le sens de la hiérarchie.


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Tel est le monde sauvage et étrange où le professeur W.-H. Pickering, de l’Université Harvard, vient d’affirmer que la vie existe d’après les résultats de ses plus récentes observations. Cette nouvelle, transmise à l’univers, — je veux dire à la population terrestre, — par tous les câbles et toutes les ondes de la T. S. F. a causé quelque émoi jusque dans les salles de rédaction, où l’on est pourtant professionnellement blasé sur ces sortes de choses.

Sur quoi se base le professeur Pickering (dont les travaux astronomiques sont d’ailleurs assez honorablement connus) pour affirmer qu’il y a de la vie sur le visage tourmenté de la pâle Hécate? Sur ce fait qu’on y trouve, assure l’astronome américain, d’immenses zones de végétation qui poussent en certains endroits avec une rapidité prodigieuse quand le soleil s’y glisse. Ces vastes étendues végétales fleurissent rapidement, puis diminuent et disparaissent.

Or les documents et les observations récentes de M. Le Morvan à l’Observatoire de Paris, vont nous permettre de nous faire une opinion sur ce sujet qui a été abordé par lui lors de sa récente communication à l’Académie des sciences.

Ce qui a donné naissance aux affirmations du professeur W.-H. Pickering, c’est qu’on observe incontestablement à chaque lunaison, des teintes vertes plus ou moins mélangées de jaune et de blanc vers les fonds déprimés de certains cirques lunaires aux parois déchiquetées. Chose curieuse, on observe ces teintes pendant peu de temps après le lever du soleil sur ces fonds et lorsque les rayons solaires y ont une incidence très rasante. Peu après, lorsque le soleil est plus haut, elles disparaissent. Rien ne démontre que ces teintes vertes si éphémères et si localisées soient produites par de la végétation. Tout tend à prouver au contraire qu’elles sont dues simplement à la réfraction des rayons solaires par les myriades de cristaux aux arêtes aiguës et par les roches volcaniques plus ou moins vitreuses qui dans la lune, — comme dans certaines régions, volcaniques terrestres, — doivent abonder près des cratères éteints.

Cela est d’autant plus probable que, comme nous l’avons vu, les arêtes aiguës de ces cristaux et de ces roches transparentes, pas plus que les bords mêmes, si déchiquetés, des cratères, n’ont été usés par l’érosion. Il s’ensuit que les circonstances sont