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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/476

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l’Allemagne remplissait fidèlement toutes ses obligations, nous resterions finalement sans recours contre elle pour une partie considérable des dépenses dont le Traité de Versailles nous autorisait à exiger la restitution; et en outre, jusqu’à ce que, d’une manière ou d’une autre, elle ait payé sa dette, nous avons tout à payer nous-mêmes, capital et intérêts. En présence de cette situation, la Commission des finances de la Chambre a donc eu parfaitement raison de penser qu’il y avait urgence à définir sa politique financière.

Elle s’est livrée, aussi consciencieusement que possible, à ce travail de compression des dépenses où se sont usées tant de ses devancières et où s’épuiseront, sans doute, à leur tour, quelques-unes de celles qui lui succéderont. A force de comprimer, elle a trouvé quatre cent quatre-vingt-six millions à réduire. Souhaitons de ne pas les revoir dans le courant de l’an prochain. Félicitons, en tout cas, la Commission de ses efforts et le rapporteur général des justes observations qu’ils lui ont inspirées. M. Bokanowski a clairement montré qu’il est des économies illusoires, qu’il en est de précaires et qu’il en est d’onéreuses. Mais il en est aussi de nécessaires et d’urgentes, celles qui portent sur la suppression des gaspillages, et il en est qui, pour être plus difficiles à réaliser, n’en sont pas moins indispensables et qui sont de toutes les plus productives, celles que peuvent nous procurer les simplifications administratives et la diminution méthodique du nombre des fonctionnaires. Entreprise de longue haleine, qui ne saurait être menée à bien que par la collaboration permanente du Gouvernement et des Chambres et qu’il faudra bien nous décider à commencer.

Mais, si importants que soient les problèmes posés à l’occasion du « budget général, » ils ne sont rien, ou presque rien, à côté de ceux que va soulever, en 1922, le « budget spécial. » Les opérations de la trésorerie dépasseront, en effet, le chiffre formidable de quarante-cinq milliards. Si l’on songe que le montant des bons de la défense nationale en circulation au 1er octobre dernier était de plus de soixante-deux milliards sept cent quatre-vingt-dix-sept millions, correspondant à une charge annuelle d’intérêts de deux milliards huit cents millions, et que les bons du Trésor, en circulation à la même date, s’élevaient à une somme de un milliard huit cent trente-cinq millions neuf cent douze mille francs, représentant une charge annuelle d’intérêts d’environ soixante-dix millions, on ne peut pas envisager sans quelque anxiété cette énormité et cet accroissement continu de notre dette flottante. De toute évidence, le sort de notre trésorerie et par conséquent le relèvement de nos finances