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dépendent de ce que nous parviendrons à tirer de l’Allemagne. Or, voici que l’Allemagne s’apprête, connue il était aisé de le prévoir, à jouer d’une faillite savamment organisée. M. Wirth est sorti de la scène par une porte pour rentrer par une autre, avec un cabinet remanié, qu’il n’a même pas pris le temps de constituer tout entier avant de se présenter devant le Reichstag, et son ministre provisoire des finances, M. Hermès, a aussitôt déclaré publiquement que l’ultimatum de Londres émit devenu inexécutable. En bon allemand, cette déclaration signifie que l’échéance de janvier ne sera pas payée.

Nous allons donc nous trouver, de nouveau, avant peu, à la croisée des chemins. Nous aurons à choisir entre la voie qui conduirait, par le recommencement des concessions, à la ruine de la Fiance, et celle qui aboutit, par des mesures de fermeté, aux garanties nécessaires. Déjà lord d’Abernon s’est remis à l’œuvre, et on raconte à Berlin, dans les milieux officiels, qu’il est intervenu auprès du Gouvernement du Reich pour le prier de retarder un peu le dépôt de son bilan et pour lui permettre, en retour, de l’aider à faire réduire sa dette par les Alliés. Il serait infiniment regrettable que des démarches de cette sorte vinssent compliquer, pendant l’absence de M. Briand, une question dont l’importance est vitale pour la France. La dette de l’Allemagne a été irrévocablement fixée, comme le voulait le Traité de Versailles, avant le 1er mai 1921, par la Commission des Réparations. Nous sommes obligés d’accepter le chiffre réduit qui a été adopté ; mais le Traité nous donne le droit absolu de nous opposer à tout nouveau retranchement. Le paragraphe 13 de l’annexe II à la partie VIII est formel. L’unanimité des délégués à la Commission est nécessaire pour remettre tout ou partie de la dette et des obligations de l’Allemagne. L’article 234 va même plus loin ; la Commission ne peut faire remise d’aucune somme sans l’autorisation spéciale des divers Gouvernements qui y sont représentés. Il appartient donc au Gouvernement français de donner à son représentant des instructions précises, dont M. Dubois n’a, du reste, pas besoin pour faire, comme toujours, son devoir de bon français. Nous ne pouvons hésiter un instant sur la conduite à suivre. Si l’Allemagne est momentanément dans l’impossibilité de faire honneur à une ou à plusieurs échéances, la Commission est maîtresse de décider, à la majorité des voix, le report des paiements ; mais nous avons toute liberté pour empêcher le moindre abandon de nos droits ; et, si de nouveaux termes sont accordés à notre débiteur, nous devons naturellement, comme contre-partie, exiger des gages supplémentaires. Peu importe, à cet égard, que