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expérience qu’on décida de ne rétablir que ceux des intermèdes qui se relient directement à l’œuvre et en quelque sorte font corps avec elle. Cependant, et afin qu’on eût au moins un ou deux exemples de ce que pouvaient être ces comédies agrémentées de ballets, je résolus de maintenir les divertissements qui terminent le Sicilien, l’Amour Médecin, M. de Pourceaugnac. Peut-être y a-t-il là, avec tant de liberté et de fantaisie, comme un avant-goût de l’art du XVIIIe siècle; la beauté sévère du grand siècle s’y assouplit, s’orne de grâces, et il n’était pas inutile de montrer que ici encore Molière fut un précurseur.

Pour ces ballets, il fallait des musiciens et des danseuses. Il eût été intéressant d’avoir l’orchestre dans la salle. Malheureusement, lors de la reconstruction du théâtre (en 1900), on ne songea pas à préparer une « fosse » pour les musiciens, ni à leur ménager une entrée par les « dessous. » Comme il ne fallait pas penser à poser directement sur le plancher de la salle des pupitres qui eussent masqué une partie du spectacle, on se résigna à laisser l’orchestre en coulisse. Pour les ballets, on eût souhaité le concours de l’Opéra et de l’Opéra-Comique, qui ont des cadres tout faits. Malgré la bonne volonté montrée par les directeurs de nos théâtres lyriques, on dut reconnaître qu’ils ne possédaient que le nombre de danseuses strictement nécessaire au service de leurs scènes, et qu’ils ne pourraient s’en priver à jours fixes. Force fut donc à la Comédie-Française de recruter des ballerines et de reconstituer pour un temps ce corps de ballet, qu’il avait jadis à demeure.

Telles sont, tracées à larges traits, les directives que nous nous donnâmes pour remonter les diverses pièces que nous avions à présenter au public. Sans doute, il y eut encore de multiples détails à régler, bien d’autres décisions à prendre, qui nécessitèrent, entre l’administrateur, le metteur en scène, les peintres, le chef d’orchestre, les décorateurs, la maîtresse de ballet, le chef machiniste, le dessinateur de costumes (M. Betout), de longues conférences. Mais rien ne fut moins aisé à établir que les distributions mêmes des pièces. Là, il apparut nécessaire de faire certaines modifications, de mettre tels artistes en possession de rôles qu’ils n’avaient pas encore joués, ce qui entraînait fatalement le retrait de ces rôles à d’autres interprètes. On comprendra aisément que je ne m’explique pas longuement sur ce point. Mais d’ailleurs, en faisant appel à la bonne volonté