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attachés étrangers, se rapprocha de l’Iowa jusqu’à une distance de 3 milles environ et il fut ainsi possible de noter les points de chute, les uns après les autres.

Malgré les changements de direction imposés à l’Iowa, et des écarts de vitesse variant de 1 à 6 nœuds, les résultats furent les suivants : 76 bombes lancées, 2 coups au but, 15 coups à moins de 20 mètres du navire ; aucun coup à plus de 100 mètres.

Ces résultats peuvent paraître maigres à un premier examen, mais si on considère que les bombes lancées dans un rayon de 20 mètres autour du navire sont infiniment plus dangereuses que celles qui l’ont frappé directement, on doit reconnaître que le tir a été excellent.

Le tir aérien contre navires, en effet, a ceci de particulier, qu’il doit se contenter d’être précis sans rechercher la justesse. Le coup au but n’a pour ainsi dire aucune chance d’atteindre les œuvres vives du navire, car la vitesse restante du projectile aérien, à l’arrivée, est trop faible pour lui permettre de traverser les ponts cuirassés. La bombe à proximité du but, au contraire, est très dangereuse, car si elle éclate sous l’eau, grâce a un retard convenable de sa fusée, elle disjoindra les plaques de blindage. L’eau agit comme une bourre dans ce cas.

Ensuite, l’arrivée des avions, une heure seulement après le temps fixé comme origine, au-dessus d’une escadre dont ils ne connaissaient pas l’emplacement, est une preuve qu’à l’avenir, une force navale ne saurait être à l’abri d’une attaque aérienne, même à une distance très grande en pleine mer.

Ce que nous venons de dire au sujet de la précision du tir allait se vérifier d’une façon éclatante le 18 juillet, sur le croiseur allemand « Frankfurt. »

Ce navire fut coulé par une bombe de 300 kilogs, non par un coup direct, mais par un coup à proximité de la coque, explosant avec un retard de 1/8 de seconde à 10 M. au-dessous de la ligne de flottaison. Jusqu’alors le « Frankfurt » avait résisté à 11 coups au but, sans que son pont cuirassé eût été endommagé sérieusement et que ses canons fussent hors de service.

Jusqu’alors les expériences avaient été satisfaisantes, mais il s’agissait encore de couler le dreadnought « Ostfriedland. » Ce cuirassé, de la classe Thuringen, Heligoland, déplaçait 23 000 tonnes, était ceinturé d’une cuirasse de 11 pouces, muni d’un pont blindé de 3 pouces et il était si bien construit qu’il